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Page:Revue de l'histoire de Versailles et de Seine-et-Oise, année 1919.djvu/195

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madame de pompadour

les limites tracées et acceptées d’un commun accord. » Au loin, c’est-à-dire à la Cour, dans la coterie de Richelieu, ces termes de la convention pouvaient facilement éblouir les regards disposés à l’admiration ; par contre, l’absence de toute clause relative au désarmement des troupes Hanovriennes et de leurs alliées, ainsi qu’aux modalités de leur dispersion, jetait d’inquiétants brouillards dans les esprits avisés de l’abbé de Bernis et de Paris-Duverney. À l’armée, il semblait bien que le Maréchal fût encore à mi-chemin de la gloire. « Je crois — écrivait d’Ottersberg, le 11 septembre, au Marquis de Paulmy, un des Lieutenants-Généraux de cette armée[1] — que vous aurés été content de la fin de notre campagne dans le Duché de Brême. Dieu veuille que le Roi de Prusse nous la fasse prolonger du côté d’Halberstadt, où je vais suivre M. le Maréchal. »

Mais quel coup de théâtre emportait donc aussi soudainement l’Armée Royale et son chef vers des opérations plus retentissantes assurément que celles qui consistaient à faire mettre bas les armes au Duc de Cumberland ! On connaît les circonstances à la suite desquelles le Prince de Soubise avait été rappelé à Versailles pour prendre le commandement des troupes que le Roi avait résolu d’envoyer à l’Impératrice, selon le plan élaboré par Duverney et les derniers arrangements conclus avec la Cour alliée. Depuis lors, la disposition des esprits s’était entièrement retournée à Vienne : la victoire de Kollin[2], en Bohême, celle plus récente de Görlitz, en Lusace[3], et du côté des Russes, l’écrasement des Prussiens à Jægerndorf, dans la Prusse Orientale[4], avaient à ce point ranimé les espoirs de Marie-Thérèse qu’Elle ne parlait déjà plus de recevoir le contingent Français à son armée, mais de l’adjoindre à celle des Cercles de l’Empire qui opérait en Thuringe, sous les ordres du Prince de Saxe-Hildburghausen. Belle-Isle avait beau se récrier dans le Conseil, déclarer cette communauté déshonorante et demander l’augmentation du corps de Soubise en toute indé-

  1. Comte de Noailles, plus tard Maréchal de Mouchy (Dépôt de la Guerre, Section Historique.
  2. 18 juin.
  3. 7 septembre.
  4. 30 août 1757.