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Page:Revue de l'histoire de Versailles et de Seine-et-Oise, année 1919.djvu/218

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madame de pompadour, bernis et la guerre de sept ans.

Clermont se déterminait, le 28 février, à porter son quartier général sur la rive gauche du Weser, à Hameln, en rappelant à lui les corps cantonnés à Celle et à Brunswick. C’était la retraite : aussitôt connue à Vienne et à Versailles, elle jeta les deux Cours dans une consternation d’autant plus grande qu’elle ébranlait le système politique sur lequel reposait leur alliance. Avec l’abandon du Hanovre qui, à l’entendre, allait précipiter sur ses États toutes les forces du Roi de Prusse, l’Impératrice éperdue voyait déjà les Anglais débarquer dans l’Ost-Frise et se joindre aux Hanovriens et aux Hollandais pour s’emparer d’Anvers, de Rœremonde et de toute la Flandre Autrichienne. Afin de la rassurer contre toute descente des Anglais dans l’Ost-Frise insuffisamment gardée, le Maréchal de Belle-Isle s’empressa d’expédier un courrier au Général-Major Autrichien commandant les forces alliées dans cette région, pour s’informer des besoins qu’exigeait la défense de la place et du port d’Emden et y pourvoir sans délai, conformément aux ordre du Roi. Mais, dans l’intervalle, la situation du Comte de Clermont avait empiré ; le 14 mars, la capitulation de Minden, investie depuis le 5, l’obligeait à reculer le 16 à Paderborn et le 26 à Lipstadt, en lui enlevant la dernière possibilité de se maintenir sur le Weser. Le 28, sous la poussée de l’ennemi, l’armée reprenait son mouvement de retraite pour ne plus s’arrêter qu’au Rhin, à Wesel, but assigné au rassemblement des colonnes qui, des régions les plus distantes, se pressaient en désordre sur toutes les routes. Enfin, le Duc de Broglie, qui commandait à Cassel, recevait l’ordre de se rabattre sur Dusseldorf, et les garnisons de l’Ost-Frise en danger d’être coupées étaient rappelées sur le Rhin.

À la Cour, si grande que fût l’émotion provoquée par cette série d’étapes en arrière, on savait gré au Comte de Clermont d’avoir préféré la conservation de l’armée à la recherche d’un succès personnel en l’exposant à être détruite en détail. Restait donc l’impérieuse nécessité de l’établir fortement sur le Rhin, afin de permettre à ses unités, si éprouvées au physique et au moral, de vaquer en toute tranquillité à leurs réparations et de reprendre l’offensive au printemps. C’est pourquoi, envisageant la situation au double point de vue militaire et politique, le Maréchal de Belle-Isle et l’Abbé de Bernis insistaient dans le Conseil pour