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Page:Revue de l'histoire de Versailles et de Seine-et-Oise, année 1919.djvu/22

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bernis et la guerre de sept ans.

et uniquement parce qu’il était le plus ancien des Maréchaux en état de faire la guerre, le commandement d’une armée destinée à entreprendre la conquête de Minorque avec l’appui d’une flotte aux ordres de l’Amiral de la Galissonnière. On l’éloignait volontiers et il s’embarquait, le 8 avril, à Toulon.

iv

Depuis les derniers temps, les relations de Madame de Pompadour avec le Maréchal de Richelieu étaient restées polies et peu chaleureuses. On n’était donc point complètement brouillé. C’est pourquoi avait-elle formé l’année précédente, avec la légèreté qui obscurcissait souvent à son esprit troublé par la toute-puissance la vision de l’obstacle possible, un projet de mariage entre sa fille, Mademoiselle d’Étioles, et le Duc de Fronsac, fils du Maréchal. Or, à la perte de celle-ci, enlevée inopinément en peu de jours par une petite vérole, s’était glissé en son cœur, atteint au plus fort de ses espérances, un vif ressentiment des dédains plus ou moins embarrassés qu’avaient rencontrés ses ouvertures dans la famille des Richelieu[1]. On conçoit, dès lors, que Madame de Pompadour n’ait pris aucun intérêt au choix du Maréchal pour le commandement du corps expéditionnaire : suivant le système qu’elle s’est imposé de parler le moins possible de ses ennemis dans les moments même où elle a le plus à s’en plaindre, à peine trouve-t-on dans les lettres qu’elle adresse alors à ses intimes, à peine l’entend-on prononcer dans ses conversations publiques le nom de Richelieu ; bien mieux, trace-t-elle tout son devoir à l’innommé et pour un peu lui reprocherait-elle, en cas de malheur, d’y avoir manqué. Un soir de ce mois d’avril 1756, après un grave et lourd souper des Cabinets, — pourrait-on citer à l’appui de notre observation : — « Non, Messieurs, s’exclamait-elle pendant que le Roi était remonté chez Mesdames, la Marine est en bonnes mains et nos côtes sont maintenant bien défendues. Ce n’est pas pour elles que je crains et je donnerais beaucoup pour que les Anglais y vinssent. Je ne crains que

  1. Général de Piépape.