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Page:Revue de l'histoire de Versailles et de Seine-et-Oise, année 1919.djvu/223

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madame de pompadour

traités de Versailles. De l’examen auquel nous nous sommes livré, la défaite de Crefeld autorise à attribuer — croyons-nous — l’échec de notre diplomatie à l’action dissolvante des intrigues qui s’agitent autour du trône, depuis le début des hostilités, sur la conduite des opérations militaires, ainsi qu’à l’effroyable débordement d’abus et de faveurs sous lequel nous voyons fléchir l’autorité et le prestige du haut commandement. Nous avons montré à quel point l’abandon du Hanovre, entraînant le recul de notre armée jusqu’au Rhin, avait ébranlé le système politique sur lequel reposait notre accord avec la Cour de Vienne. Qu’allait-il en rester après Crefeld ? Il ne pouvait plus être question de laisser le Prince de Soubise, arrivé le 11 juin à Hanau, s’acheminer vers la Bohême avec les 30, 000 hommes qu’il devait amener à l’Impératrice, selon la volonté du Roi. Ordre lui est aussitôt transmis de se porter sur la Hesse pour appuyer, en menaçant les communications du Prince Ferdinand avec le Weser, les mouvements prescrits au Maréchal de Contades, qui vient de recevoir le commandement de l’armée principale, en vue de forcer son adversaire à repasser le Rhin. Est-ce à dire que nous renoncions à tout concert avec notre alliée ? Loin de là : le Maréchal de Belle-Isle s’emploie avec un zèle ardent à remettre l’Armée Royale en état, malgré sa retraite sur le Rhin, d’assurer le maintien du système en reprenant l’offensive au plus vite. Dans l’ordre diplomatique, Bernis poursuit un effort semblable, mais combien lourde et angoissante se présente la tâche ! Assujetti d’honneur aux engagements contractés avec l’Impératrice-Reine et hypnotisé — on peut dire — devant le gouffre de nos charges financières, ce n’est certes pas la récente et indécise bataille de Zorndorf[1], où les Prussiens auraient pu être anéantis par les forces réunies des Russes et des Autrichiens si Frédéric n’avait pas réussi, par la rapidité de sa marche, à empêcher ces derniers d’opérer leur jonction, qui lui rendra la confiance dans la fortune militaire des Cours alliées ! Il assiste impuissant à l’effondrement de son œuvre, et après la prise de Louisbourg[2] et la perte de notre colonie du Cap-Breton, la paix avec l’Angleterre

  1. 25 août 1758.
  2. 27 juillet 1758.