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Page:Revue de l'histoire de Versailles et de Seine-et-Oise, année 1919.djvu/243

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augusta holmès.

C’est Maurice Dreyfous admirant « cette grande jeune fille aux lourds cheveux blonds, couleur de blé mûr, d’une beauté merveilleuse, d’une inoubliable majesté » [1].

C’est M. Hugues Imbert, frappé non seulement par sa « merveilleuse chevelure dorée », mais encore par son « visage charmant, d’une riche carnation, avec une sorte de grâce propre aux types féminins peints par Rubens, un profil net, sur lequel se reflétaient la plus vive intelligence et la plus grande décision » [2].

C’est, en sest Souvenirs autour d’un Groupe littéraire, Mme Alphonse Daudet l’évoquant « blonde, svelte, marchant auprès de son père déjà vieux, dans la grande allée du Tapis-Vert », et « capable d’évoluer parmi les statues sans faire tort à son élégante allure, à sa classique beauté ».

C’est Mme Marguerite Deutz vantant (propos rapporté par M. Séché) « son port de tête altier, ses yeux d’un gris vert lumineux entre leurs cils bruns, son large front couronné d’une fire auréole de cheveux blonds, d’un blond [alors] sincère [en attendant qu’il devint artificiel], radieux, ni blond-roux, ni blond cendré ; des cheveux d’Apollon !… Sa petite bouche, rose, fine et ferme, au-dessus d’un menton trop court, ce qui donnait un type d’oiseau à ce visage charmant dans son irrégularité. »

Elle inspira des peintres : Henri Regnault subit à ce point son charme qu’en 1866, concourant pour le prix de Rome et ayant à traiter comme sujet : Thétis apportant à Achille, pour venger la mort de Patrocle, les armes divines forgées par Vulcain, de mémoire et sans hésiter, prêta à la déesse, en sorte que la ressemblance n’échappa à personne[3], les traits de la musicienne, qu’il n’aurait, paraît-il, rencontrée jusque-là qu’une seule fois[4].

  1. Ce que je tiens à dire (Paris, Ollendorff, 1912, in-12), p. 87.
  2. Nouveaux Profils de musiciens (Paris, Fischbacher, 1892, in-12), p. 437.
  3. « La Minerve du tableau de Regnault (écrit Maurice Dreyfous dans Ce que je tiens à dire) joint à ses autres qualités celle d’être un portrait absolument ressemblant d’Augusta Holmès. Les musicographes qui voudront donner son effigie vers sa vingtième année n’en trouveront pas de plus authentique que celle-là. L’École des Beaux-Arts le conserve dans la salle des Prix de Rome. »
  4. Cette rencontre eut lieu au commencement de juillet 1866, dans le salon versaillais de Guillot de Sainbris dont il sera question plus loin. Elle a été contée par André Theriet (Souvenirs d’une Nuit d’été… dans le Journal de Tristan, Paris, Charpentier, 1883), p. 78, sqq. Henri Regnault, alors en loge depuis quelques semaines, n’arrivait pas à fixer les traits de sa Thétis, et « n’ayant plus que deux semaines devant lui avant la clôture du concours, il se décourageait et voyait déjà tout perdu ». Il faisait part à ses hôtes de ses préoccupations, lors-