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madame de pompadour

résultats de sa mission, c’est qu’ils fortifiaient l’autorité du Maréchal de Belle-Isle, puisqu’il avait imposé l’objet auquel elle devait tendre : lever tout obstacle à notre marche vers le Hanovre. Telle est la substance d’un projet de convention qui fut signé à Vienne le 28 février 1757 et ratifié à Versailles le 1er mai suivant, sous la forme d’un second traité d’union et d’amitié défensif, et — chose à noter — ne porte pas la signature du Comte d’Argenson, qui y avait cependant collaboré aux côtés du Maréchal de Belle-Isle, mais bien celle de son neveu, le Marquis de Paulmy, qu’une intrigue de Cour tout intérieure lui avait substitué, le 1er février, à la tête de l’administration de la Guerre.

Revanche de Madame de Pompadour sur ses perpétuels sarcasmes, ses insidieux propos et ses allures suspectes lors de l’attentat de Damiens, où elle faillit succomber à la haine publique, — quatorze années de charge n’avaient pu épargner au Comte d’Argenson un ordre d’exil en ses terres. D’accord, pour cette fois, avec son collègue, Machault, hier encore le favori de la Marquise, le suivait à son tour dans la retraite pour s’être joint aux cabales et avoir fait sentir à la toute-puissante Dame que sa place n’était plus à la Cour. La disgrâce des Ministres de la Guerre et de la Marine survenant en pleine négociation militaire et politique avec la Cour de Vienne devait assurément influer de manière fâcheuse sur les préparatifs de la campagne qui allait s’ouvrir. N’importe, Madame de Pompadour avait triomphé : mais le choc avait été assez rude, la victoire assez chèrement achetée pour lui inspirer — bien que le Marquis de Paulmy fût entièrement à sa dévotion — l’attitude d’utile effacement qu’elle crut devoir adopter lorsqu’il se fût agi de pourvoir au commandement de l’armée qu’on allait envoyer à la conquête du Hanovre.

En plaint éclat de la gloire acquise à Minorque, le Maréchal de Richelieu se trouvait tout indiqué pour obtenir la place. Mais n’étant plus soutenu par le Roi, et l’animosité de la Marquise s’étant encore aggravée à la vue de sa participation aux brigues ourdies contre elle lors du susdit attentat de Damiens, la chute du Comte d’Argenson, son seul ami dans le Ministère, l’obligeait à attendre un temps plus favorable. Un autre compétiteur s’était mis sur les rangs, le Comte de Clermont, petit-neveu du grand