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Page:Revue de l'histoire de Versailles et de Seine-et-Oise, année 1919.djvu/307

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UNE MUSICIENNE VERSAILLAISE

AUGUSTA HOLMÈS

(Suite.)

Les musiciens n’avaient pas tardé à désirer connaître cette jeune fille que ses dons merveilleux désignaient à la plus sérieuse attention de ses aînés dans l’art. J’ai nommé plus haut son premier professeur, Mlle Peyronnet, qui guida ses tout premiers pas. Une mention particulière est due à l’excellent artiste qui l’initia aux secrets de la fugue et du contrepoint : Henri Lambert, que beaucoup de Versaillais ont pu connaître et qui exerça longtemps les fonctions d’organiste à la cathédrale. Elle prit aussi des leçons de Hyacinthe Klozé, clarinette-solo de la Société des Concerts et chef de musique de l’artillerie de la Garde, dont elle avait la fille pour amie.

Mais voici qu’un jour, Rossini se fit présenter la jeune musicienne, dont la renommée était venue jusqu’à lui. J’emprunte à M. Croze le récit de cette piquante entrevue. L’exécution sans accroc d’un morceau de lecture à vue, hérissé de difficultés, que le maëstro avait choisi lui-même, lui révéla la virtuose. Et quand il l’eut entendue chanter, de sa voix chaude et passionnée, une de ses compositions où tout était d’elle, paroles et musique, il se leva et dit simplement :

« Très bien pétité femme. »

Puis, se tournant vers l’auditoire d’amis qu’il avait réuni et prenant par la main sa charmante visiteuse, il ajouta :

« Voici ouné pétité merveille dont vous entendrez parler oun zour, c’est lé vieux Rossini qui lé dit. »

Elle eut d’autres maîtres, en tête desquels il m’est particulièrement doux de reconnaître et de saluer l’immortel auteur des Béatitudes. C’est par Sainbris qu’elle paraît l’avoir connu. Elle