compléter par quelques souvenirs leurs indications un peu sommaires.
Dès le 2 août 1914, le Directeur des Musées nationaux écrit de Paris au Conservateur du Musée :
« À partir d’aujourd’hui, tous les Musées nationaux seront fermés. Vous êtes invité à organiser immédiatement, avec tout le personnel dont vous disposerez encore, un service permanent de surveillance analogue au service de nuit actuel.
Les gardiens seront de poste fixe aux points les plus sensibles du Musée. Les brigadiers feront des rondes constantes pour assurer la liaison de ces postes entre eux et avec le poste central. »
Le Musée est rigoureusement fermé. Le 12 août, M. de Nolhac envoie à M. Henry Marcel l’état des hommes de Versailles et de Trianon qui n’ont pas encore été mobilisés. Il ajoute que le service de nuit et le service de jour, réduits à la pure sécurité, peuvent exactement fonctionner. La salle du Jeu-de-Paume a été réquisitionnée pour loger des réservistes de passage.
À partir du 22 août, les Palais de Versailles et de Trianon sont gardés militairement pendant la nuit. « À cet effet, deux postes de chacun un sous-officier, deux caporaux ou brigadiers et vingt hommes, sont établis au poste central du Palais de Versailles et au poste du Petit Trianon. »
Cependant, l’avance rapide des armées allemandes a obligé les Musées nationaux à des mesures précipitées de sauvetage. Les chefs-d’œuvre du Louvre sont partis pour Toulouse. À Versailles, les difficultés de transport n’ont permis d’adjoindre au train spécial emportant nos trésors d’art que les plus belles de nos tapisseries. Le 31 août, le Conservateur écrit au Directeur :
« J’ai l’honneur de vous rendre compte des précautions que je viens de prendre pour la sauvegarde des plus précieuses richesses du Musée. La partie principale de nos tapisseries, les quatorze grandes pièces de la série de l’Histoire du Roi, ont été confiées ce matin aux voitures du Garde-Meuble pour la destination que vous connaissez. Les morceaux de la série de Don Quichotte, les plus beaux Nattier, quelques tableaux de grand prix, les objets placés sur les tables des appartements et quelques bustes de valeur exceptionnelle sont retirés des salles pour être descendus dans un souterrain très sec et très secret, dont la porte sera murée. »
