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le site et la croissance de versailles.

Monarchie de Juillet : en 1831, la population n’était encore que de 28, 000 habitants, comme en 1801 ; mais, en 1841, elle était montée à 35, 000, soit un accroissement d’un quart en dix ans. Dans l’intervalle, deux faits importants s’étaient produits : la création du Musée (1837) et l’ouverture des chemins de fer (1839-1840) ; mais les résultats heureux en furent longs à se faire sentir. Un publiciste, Egron, affirmait, dès 1839, que Versailles était ressuscitée depuis deux ans, grâce à son Musée ; mais il exagérait beaucoup, car lui-même décrivait cette ressuscitée comme une ville bien morte[1]. En 1846, la Municipalité anticipait aussi, quand elle dressait un projet de percement de voies nouvelles que les événements de 1848 firent ajourner, et que l’Administration plus sévère et plus économe de 1852 estima beaucoup trop grandiose et coûteux[2]. De fait, la population, en 1855, était encore restée au chiffre de 35, 000, atteint dès 1841. C’est seulement après 1855 que les progrès se sont nettement marqués par les chiffres du recensement comme par la construction de nouveaux quartiers. La population, après la création de Clagny (1857), monte rapidement à 43, 000 en 1861 (augmentation d’un quart en six ans) et, en 1870, elle dépassait 50, 000 habitants.

La guerre, la Commune, le séjour à Versailles du Gouvernement et des Chambres, en y concentrant un grand nombre de soldats, de fonctionnaires et de réfugiés, amenèrent une recrudescence considérable[3], mais factice et passagère : en 1872, on était retombé à 61, 000 ; en 1876 à 53, 000[4], et, en 1881, après le départ des Chambres, à 48, 000 ; à partir de cette date, la progression a repris, plus lente que sous le second Empire, mais

  1. On n’y voit, disait-il, de l’animation que les dimanches d’été ; en semaine, on n’y rencontre que des soldats, des Anglais et quelques jeunes désœuvrés ; et il analyse ainsi la population : deux ou trois régiments, des vieillards attirés par leurs souvenirs (ils ont encore connu l’ancienne Cour), des officiers en retraite, « mieux logés qu’à Paris, y vivant plus confortablement et à moins de frais, des marchands qui suent sang et eau pour singer les magasins de la rue Vivienne, des pâtissiers, gens fort respectés dans une ville où la bonne chère est un des besoins de l’existence monotone et ennuyée, des fonctionnaires, des mendiants qui vivent de la curiosité des étrangers »
  2. Le plan d’alignement de 1859 tient un juste milieu entre ceux de 1846 et de 1852.
  3. Il y a peut-être eu près de cent mille personnes entassées à Versailles en 1871.
  4. Dont près de quinze mille hommes de troupe.