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augusta holmès.

Elle pria ses amis d’emporter chez eux son cierge et son voile de catéchumène.

« Lorsque je serai morte, leur dit-elle, vous allumerez le cierge au pied de mon lit et m’ensevelirez avec mon voile. »

Ce qui fut fait trois ans plus tard.

M. Séché rapporte encore ce détail : « Elle portait à la main gauche une bague ornée d’une améthyste à laquelle elle tenait beaucoup. Elle disait quelquefois en la regardant : Quand cette pierre se détachera, ce sera signe que ma dernière heure sera proche. »

La pierre se détacha dans les premiers jours de l’année 1903 et Augusta mourut le 28 janvier.

Elle fut calme devant la mort et belle dans la mort, avec cet apaisement que donne la vérité suprême enfin possédée. La mort ne lui apparaissait que comme une porte ouverte sur les splendeurs suprêmes et les suprêmes joies. « Vous verrez, disait-elle, comme je serai belle lorsque je serai morte. Le bonheur vivra sur mon visage, car je posséderai mon idéal poursuivi en vain sur la terre, et le sourire sera sur mes lèvres fermées. »

Elle disait encore à ses amis qui pleuraient sur elle : « Je suis vivante, je suis dans l’impérissable lumière. » Ceux qui l’ont vue sur son lit de mort ont témoigné de sa beauté paisible, enfin libérée des terrestres angoisses et comme spiritualisée. On n’eût osé dire son âge tout haut, ou plutôt, on ne lui donnait plus d’âge. Elle reposait, « blanche et blonde, — j’évoque ici la vision qu’un poète a conservée d’elle, — les mains diaphanes croisées sur sa poitrine, posée légèrement comme un oiseau au milieu des palmes et des fleurs, si belle qu’elle rendait la mort plus belle. »

Ses obsèques eurent lieu à Paris et, sur sa demande, à l’église Saint-Augustin, où elle avait été baptisée et fait sa première communion[1].

  1. Le cortège se forma à la maison mortuaire, rue Juliette-Lamber, où le corps avait été déposé au milieu des couronnes envoyées par la Société des Auteurs, Compositeurs et Éditeurs de musique, la Société des Auteurs et Compositeurs dramatiques, le journal Le Drapeau, Miss Maud Gonn « À la Grande Irlandaise » et les amis de la défunte. Autour du cercueil on avait également disposé les