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les écuries royales de versailles.

M. Lancelot de Turpin de Crissé, « page du Roi en l’an 1791 aux Grandes-Écuries », a écrit :

Ô mon roi, mon cher Louis, tu gémis dans les fers.

Un peu plus bas, les mêmes regrets s’expriment dans ces trois vers :

Ô jour infortuné, ô malheur imprévu,
Mon roi abandonné, le throne abattu,
Infortunés Français connoissez la tristesse.

M. de Querhoent, « page du Roi 1791 », fait appel à l’empereur Léopold dans ce quatrain :

Léopold soit nous propice,
prête nous cent mille autrichiens,
et que notre rage sasouvisse
dans le sang des miliciens.

D’une autre écriture est le quatrain suivant, écrit à côté du précédent :

Je suis aristocrate,
J’aime ma reine et mon roi,
Je hais les démocrates,
Ils sont sans foi ni loy.

Et au-dessous ces deux lignes :

« La liberté est devenue licence, le soldat ne connoit plus de subordination. »

Mais les rangs des pages s’éclaircirent assez rapidement : un par un, ils rentraient dans leurs familles, qui se réfugiaient dans leurs châteaux ou qui émigraient. Ceux qui s’étaient trouvés dans l’impossibilité de rejoindre leurs familles restèrent seuls à Versailles, en très petit nombre, sous la surveillance et la protection de leur gouverneur.

La surveillance exercée sur les Écuries de Versailles n’empêcha pas la famille royale de s’enfuir vers la frontière, le 20 juin 1791. Cet événement, cause de violentes colères chez les uns, de peurs non moins violentes chez les autres, rendit la situation plus difficile pour les gens de la Maison du roi restés à Versailles. La Société des Amis de la Constitution commença à les signaler comme suspects. Ils ne furent cependant pas inquiétés et continuèrent leur service jusqu’au 10 août 1792.

Les événements du 10 août vinrent brusquement rendre très précaire le sort de tout le personnel de la Maison du roi.