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l’occupation prussienne à versailles en 1870-71.

qui s’étend sur la défaite s’étend aussi sur la victoire ; il y a de la ruine, du sang, des larmes partout ; l’Allemagne, comme la France, est en deuil !

Toutes deux, dans une partie de Princes, ont joué la richesse de leurs pays, la liberté de leurs peuples et la vie de leurs enfants. Honte à celui qui l’a perdue, cette partie sanglante ; mais au nom de l’humanité, que celui qui la gagnera ne s’en glorifie pas. »

Ces articles ne manquèrent pas d’irriter les Versaillais contre M. Jeandel. Par contre, son journal, facile à reconnaître parce qu’il était imprimé sur du papier vert, était entre les mains de tous les officiers prussiens, qui le « dévoraient ».

Ce soir, vers 7 heures, me promenant avec Auguste et Marcel, nous apercevons trois soldats prussiens qui nous couchent en joue parce que les deux enfants effrayés se sauvaient. Je rattrape Marcel. Auguste s’enfuyant toujours, un des soldats me déclare qu’il va faire feu si on ne s’arrête pas. Je crie à Auguste d’arrêter ; heureusement que, pour la première fois de sa vie, il a obéi ; sans cela, le fusil partait et il pouvait être tué. Le soldat m’a dit : « Monsieur, vous veux pas de mal, mais, quand on s’enfuit, c’est qu’on a de mauvaises intentions, et nous sommes traqués de tous côtés. »

Bataille du côté de Montrouge ; les Prussiens rentrent en débandade. Un zouave prisonnier hurle : « Ça m’est égal, nous leur avons fichu une tripotée, pris des canons et des mitrailleuses. »

Samedi 1er octobre.

On nous apporte, à 11 h. 1/2 du matin, la copie d’une dépêche tombée d’un ballon près de Mantes, annonçant que, mercredi 28, les Prussiens, près de Saint-Denis, ont eu 20, 000 hommes faits prisonniers, 15, 000 hors de combat, perdu 20 canons et 10 mitrailleuses, qu’un corps bavarois a refusé de se battre.

Les gardiens du Château, transformés en infirmiers, ont observé que les blessures prussiennes sont graves et les blessures française légères.

Les Prussiens (dit-on) ajoutent des nouvelles mensongères aux lettre ouvertes qui sont confiées à leur poste.

Ils ont réquisitionné tout le tabac et les cigares que M. Arago