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l’occupation prussienne à versailles en 1870-71.

d’une cinquantaine, dont un commandant de zouaves qui expira en arrivant.

Hier, en traversant le pont du chemin de fer de la rue de Clagny, Bismarck, s’adressant à une vieille femme qui portait un fagot de bois, lui dit :

« Vous devez rentrer chez vous, car il peut arriver qu’on se batte dans la ville. » Elle répondit : « Dis donc, toi, tas de canailles, f… donc le camp chez toi donner des ordres ailleurs. »

En traversant la place d’Armes, j’ai rencontré la petite voiture des Pompes funèbres qui portait dix cercueils au Château. Un homme du peuple, en les voyant, s’est écrié : C’est-y canaille, ces Prussiens, voilà que ça change de costume. »

Les Allemands annoncent à des Versaillais la capitulation de Metz.

Croira-t-on que notre seul divertissement soit d’aller, à 4 heures du soir, au cimetière Notre-Dame compter le nombre des morts ?

J’ai vu ce soir onze convois, dont neuf d’hommes mariés. Il devait y avoir parmi eux un qui occupait une très haute situation : prince ou général.

Lundi 24 octobre.

Un médecin prussien, parlant d’une sortie de Bazaine, dit : « Oui, nous avons eu beaucoup d’hommes atteints, mais très légèrement. » M. Randon répliqua : « Cela doit être, car le Maréchal a fait, je le sais, remplacer les balles par des épingles. »

Mardi 25 octobre.

Le garde me donne, de la lueur insolite vue hier dans le ciel, une explication à laquelle j’étais loin de m’attendre : « La lumière était produite par le passage du ballon électrique envoyé par l’armée ; il est allé tomber aux Champs-Élysées, on voyait très bien le fil conducteur et l’étoile en avant. » !!

Jeudi 27 octobre.

Une dame, à laquelle des postiers allemands annoncent la reddition de Metz, leur dit que c’est impossible, car elle attend