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Page:Revue de l'histoire de Versailles et de Seine-et-Oise, année 1919.djvu/95

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l’occupation prussienne à versailles en 1870-71.

Samedi 10 décembre.

Un officier prussien répondit à quelqu’un qui lui disait que leur conduite inqualifiable pendant cette guerre en ôtait tout le côté glorieux :

« La gloire, peu nous importe ; nous ne nous occupons que du but. »

Des officiers prussiens, dans la nuit de mercredi à jeudi, ont attaché à la poignée du sabre de la statue du général Hoche la pancarte-affiche d’un marchand de bière anglaise.

Mardi 13 décembre.

Comme un officier prussien était chargé, auprès du Conseil municipal, de faire une réquisition qui paraissait étrange, un membre dit assez haut : « Si cela continue, ils finiront par nous demander nos redingotes. » — « Ah ! répondit le Prussien sans se décontenancer, si nous ne les avons pas encore demandées, c’est que nous n’en avons pas encore eu besoin. »

Mercredi 14 décembre.

Le Café du Globe est affectionné par les officiers prussiens, qui, chaque soir, s’y livrent à de copieuses libations, qui sont d’autant plus abondantes et répétées que l’inquiétude est plus grande et les préoccupations plus pressantes. On a remarqué que tous les officiers sur leur départ ne quittaient le café qu’en état complet d’ébriété.

Samedi 17 décembre.

Les Prussiens, qui nous traitent avec tant de mépris dans leurs familles, y sont un peu autorisés quand ils voient la masse énorme d’hommes, surtout de jeunes gens, qui restent inactifs ici, quand leur présence dans les armées serait si bien justifiée.

Lundi 19 décembre.

Le prince Adalbert, grand-amiral de Prusse, a abordé M. Piot, rue Labruyère projetée, et lui a demandé ce que c’était que les deux cages vertes superposées dans lesquelles voltigent des pigeons. Mon voisin lui ayant répondu que c’était un pigeon-