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Page:Revue de l'histoire de Versailles et de Seine-et-Oise, année 1919.djvu/98

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l’occupation prussienne à versailles en 1870-71.

attendait sa destination avec quatorze de ses compagnons, devant la Mairie. Un officier prussien l’aborde et lui dit : « Que mangiez-vous à Paris ? Du bœuf, peut-être ? — Non, pas de bœuf. — Du cheval, alors ? — Non, pas de cheval. — Quoi alors ? — Les prisonniers. »

L’officier disparut…

Le Château et, surtout, la Galerie des Glaces sont bondés de blessés prussiens.

Dimanche 22 janvier.

Il est impossible de se figurer l’horrible situation dans laquelle la déroute prussienne de jeudi soir 19 nous a mis pendant quarante-huit heures. En présence des vingt et un soldats prussiens fourrés dans la maison Roger, c’est-à-dire en face de nous, les habitants de Monrêve étaient dans la position d’un lapin en face d’un boa… Enfin, ils sont partis, c’est partie remise jusqu’à la première venette.

Deux jeunes officiers prussiens ont dit, en revenant de Buzenval : « Notre bataillon a perdu sept officiers et cent quarante hommes. Vos mobiles se sont battus comme des lions. »

Mardie 24 janvier.

De tous côtés, on se quitte en se disant : la Paix est signée ! Espérons que non ; il vaut mieux tous périr que de céder ou d’accepter une paix honteuse.

Dimanche 29 janvier.

L’armistice a fait taire le canon ; on peut s’imaginer combien ce silence nous pèse ; le bruit du canon, dans nos malheurs, entretenait l’espérance.

Quel va être notre sort ? À quel degré d’humiliation allons-nous descendre ? Oh ! ma belle patrie ! Oh ! mon cher pays ! Que de braves cœurs tes malheurs font battre ! Que de lâches et d’égoïstes tes souffrances laissent indifférents !

Mardi 31 janvier.

Toujours jobards, ces bons Français, oui, toujours jobards, car, depuis l’entrée des Prussiens en France, je mets au défi que l’on me cite un seul trait généreux émanant d’eux, tandis