Page:Revue de l’Orient, tome 5.djvu/278

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

La troisième et dernière caste comprend les ouvriers, les marchands de comestibles, les domestiques, les satellites des tribunaux, et, en général, toutes les personnes livrées à des occupations basses et serviles. Le travail, le mépris, et ordinairement la misère, sont le partage de ceux qu’une malheureuse destinée a fait naître dans cette caste. Leur position sociale est tout à fait analogue à celle des Parias dans l’Inde, si ce n’est qu’il ne se rattache pas à leur personne cette idée de souillure légale, basée sur des superstitions religieuses, qui appelle l’anathème sur tout ce qui a éprouvé leur contact. Il n’est même pas rare de voir des personnes de cette caste contracter mariage dans la caste supérieure. Dans ce cas, et, en général, toutes les fois que les époux sont nés dans des castes différentes, les enfants suivent la condition du père. Cette sage disposition de la loi tend à amener insensiblement la fusion des trois castes ; car, comme on peut bien le supposer, l’infériorité de caste dans les mariages mixtes se trouve presque toujours du côté de la femme ; ou si, par hasard, elle se rencontre du côté de l’homme, les parents de l’épouse font tous leurs efforts pour l’élever à la hauteur de leur position, et y réussissent presque toujours.

La population coréenne est, en général, fort pauvre, quelle que soit la caste dans laquelle on la considère : et, sous ce rapport, elle est infiniment au-dessous des Japonais, des Annamites, et surtout des Chinois, chez lesquels on voit souvent des fortunes colossales. Le défaut de richesse en Corée provient de ce que le pays n’est presque point cultivé, de ce que l’industrie y est inactive, le commerce nul, et enfin de ce que le système du gouvernement étouffe toutes les entreprises dans leur germe.

Les principaux produits agricoles qui fournissent à la subsistance des Coréens sont le riz, le maïs, le millet et le froment. Pour la culture du riz, on suit à peu près la même méthode qu’en Chine : on fait d’abord un semis très-serré dans de la terre délayée jusqu’à l’état de bouillie, et, lorsque les jeunes pousses ont atteint 8 à 10 centimètres de hauteur, on les transplante, par petits paquets, dans des champs soumis à d’abondantes irrigations : on les sarcle souvent et on les chausse jusqu’à ce que le temps de la moisson soit arrivé.

La culture du froment se fait d’une manière différente et assez singulière, analogue à celle que j’ai vu employer aux îles Philippines : on abat sur les montagnes peu boisées toutes les plantes ligneuses qui peuvent servir de bois de chauffage, ensuite on met le feu aux broussailles et aux herbes qui recouvrent le sol. Deux ou trois jours après que le feu est éteint, on sème à la volée et on se contente de recouvrir la semence en ratissant la surface du terrain. Ce genre de culture est pratiqué de préférence dans les provinces septentrionales, par la raison qu’elles sont beaucoup plus montagneuses que cette autre partie du royaume qui s’étend depuis la capitale Kin-Ki-Tao jusqu’à la côte qui avoisine le Japon, et dans laquelle on s’adonne presque exclusivement à la culture du riz, du maïs et du millet. Dans ces principaux produits de l’agriculture, les Coréens trouvent de quoi satisfaire aux besoins de la consommation, mais il ne sauraient y