Page:Revue de l’Orient et de l’Algérie, tome 2.djvu/390

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moins, parce qu’ils se croient être quelque chose de plus qu’une idole. Lorsqu’un de leurs parents ou de leurs amis vient à mourir, ils assistent à l’offrande qu’un prêtre fait en cette occasion devant l’idole. Ils ne craignent même pas de faire trente ou quarante lieues pour se trouver à cette cérémonie, mais c’est tout simplement pour faire honneur au mort, par reconnoissance pour les bienfaits qu’ils en ont reçus, ou en marque d’estime qu’ils ont pour l’officiant, dans le cas où c’est quelque savant moine. Les jours de fête, le peuple se range dans le temple, et chacun allume un morceau de bois de senteur. Après l’avoir mis dans un vase, ils le viennent offrir à l’idole, et, le mettant devant elle, ils font une profonde révérence et se retirent. Voilà tout leur culte. Quant à leurs croyances, ils sont persuadés que celui qui fait bien en sera récompensé, et que celui qui fait mal en sera puni. Du reste ils ne savent ce que c’est que prédications ni mystères ; aussi ne disputent-ils point religion, croyant tous une même chose et la pratiquant également par tout le royaume. Les moines offrent deux fois par jour des parfums devant une idole, et, les jours de fête, c’est un moine, accompagné de tous les moines de la maison, qui font du bruit avec des tambours, des bassins et des chaudrons. Les cloistres et les temples dont le pays est presque rempli sont la plupart sur les montagnes, chacun dans la juridiction d’une ville. Il y a tel monastère où on voit jusqu’à cinq ou six cents moines, et telle ville qui en compte dans son ressort jusqu’à quatre mille. Ils sont divisés par bandes de dix, de vingt, quelquefois de trente, auxquels commande le plus âgé ; lorsque quelqu’un d’eux manque à son devoir, il le peut faire châtier par les autres de vingt ou trente coups sur les fesses, mais si l’affaire est grande, on le livre au gouverneur de la ville dont le couvent dépend. Comme il est permis à chacun de se faire moine, qu’il peut quitter cette profession quand cela lui plaît, toute la Corée en est remplie. Cependant les moines, en général, ne sont guère plus estimés que les esclaves, à cause des grands tributs qu’ils sont obligés de payer et des ou-