Page:Revue de l’histoire des colonies françaises, 1913.djvu/104

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trouvaient là, tuèrent trois cents Chinois dont ils prirent les jonques et les biens. Le demeurant des Chinois porta aussitôt plainte à Prabantul à qui Belloso et Blas Ruiz demandèrent de leur côté une audience pour lui remettre la lettre d’amitié et les présents destinés par le gouverneur des Philippines à Langara.

L’usurpateur refusa de recevoir les Espagnols tant qu’ils n’auraient pas rendu à la communauté chinoise les biens et les navires des trois cents morts et fait réparation pour le dommage causé. Blas Ruiz et Belloso promirent de donner satisfaction, mais secrètement avertirent les compagnons laissés à la garde des prises de n’en rien laisser échapper. Puis ils se mirent en route, de nuit, pour Srey Santhor avec trente-huit hommes décidés à tout et le P. Diego Aduarte comme confesseur, directeur et grand réconfort moral. Par la suite, ils prétendirent avoir été avertis que Prabantul avait donné ordre de les tuer, ce qui est possible, nullement prouvé. Après avoir traversé deux rivières à gué, les Espagnols débouchaient inopinément dans Srey Santhor vers deux heures du matin, surprirent le palais endormi et mirent à mort, d’une balle dans la tête, Prabantul qui cherchait à fuir avec ses femmes.

L’épisode a été célébré avec une emphase épique par un dominicain, le P. Gabriel de S. Antonio : « Ayant mis en déroute les gardes qui étaient sur le pont d’une des rivières, ils arrivèrent au palais à deux heures de la nuit et l’attaquèrent comme s’ils eussent été des lions. Ils renversèrent les portes, tuèrent les hommes et allaient semblables à la foudre du ciel. Le roi s’enfuit avec ses femmes, une balle l’atteignit à la tête et il perdit la vie. Il se livra un tel combat que la terre