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« Un pareil ordre de choses n’a lieu que sous le 49e degré 20 minutes de latitude, où le plus long jour de l’année est de 16 heures 10 minutes et le plus court de 8 heures 5 minutes. Or cette latitude est d’environ 12 degrés plus nord que les villes de Bactre ou Balkh et Ourmia, où l’histoire place le théâtre des actions de Zoroastre. Celle latitude sort infiniment au-delà des frontières de l’empire persan, à quelque époque qu’on le prenne. Elle tombe dans la Scythie, soit au nord du lac d’Aral et de la mer Caspienne, soit aux sources de l’Irtisch, de l’Ob, du Jenisei et de la rivière Sclinga ; elle se trouve dans le pays des anciens grands Scythes (ou Massagètes), qui disputèrent d’antiquité avec les Égyptiens, selon Hérodote[1]. »

Quoique la compilation du Boundehesh ne paraisse pas remonter au-delà du règne des Sassanides, le fond du passage précité n’en est pas moins très-ancien, puisqu’il est donné par l’auteur comme un discours d’Ormuzd parlant dans l’Écriture sainte, qui est l’Avesta. Ce discours est donc la traduction pehlvie d’un passage de l’un des livres perdus de l’Avesta primitif en 21 naskas. Nous sommes donc bien en présence d’une très-ancienne tradition éranienne, se rapportant à un ordre de choses que les Éraniens n’ont pu connaître que par l’observation directe, ce qui indique que l’Airyana vaeja doit être cherché vers le 49e degré de latitude.

  1. Hérodote dit au contraire : « Selon les Scythes, la plus récente de toutes les nations est la leur (iv, 5). » C’est Justin qui affirme que « le peuple des Scythes a toujours été regardé comme le plus ancien de l’univers, quoique les Égyptiens lui aient longtemps disputé ce titre (ii, 1), » remarque qui est répétée par Ammien Marcellin (XXII, 15).