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L’anecdote suivante montrera combien l’observation directe devait être nécessaire pour convaincre les anciens Éraniens de l’existence d’un pays où la durée du plus long jour de l’année est double de celle du plus court. En 1808, près de trente ans après l’occupation de Miliana par les Français, un thaleb de cette ville avait la réputation, probablement méritée, d’être l’un des plus savants Arabes des états barbaresques. Ce thaleb nous donna un jour, comme une preuve de l’ignorance et de la sotte crédulité des savants français, leur croyance à l’existence dans le nord de l’Europe de pays où le soleil reste quelquefois pendant plus de vingt heures visible au-dessus de l’horizon. Dans l’impossibilité où il était de concevoir que des pays plus éloignés que le sien de la route parcourue par le soleil puissent cependant en être éclairés plus longtemps à une certaine époque de l’année, cet honnête musulman considérait la croyance à ce fait prétendu imaginaire comme le résultat d’un profond aveuglement d’esprit, juste punition infligée par Allah aux infidèles Roumis.

Aux pages 110 et 113 du tome Ier des Origines indo-européennes, Pictet a montré par des inductions tirées de la philologie comparée, non seulement que les Aryas primitifs ont connu une mer, mais aussi que cette mer était située à l’ouest de leur pays. Ce fait est si important, et d’autre part on a quelquefois tellement abusé de la philologie comparée, que nous rappellerons brièvement les considérations sur lesquelles Pictet s’est appuyé. Presque tous les dialectes aryens européens anciens et modernes, le latin, l’irlandais, le cymrique, le comique, l’armoricain, le gothique, l’anglo-saxon, le Scandinave, l’ancien alle-