Page:Revue de linguistique et de philologie comparée, tome 1.djvu/119

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Ces restrictions diverses ne doivent pourtant pas nous éloigner de notre premier et sincère sentiment. L’auteur des Grundzüge, tant en colligeant les vues particulières des différents linguistes, auxquels il renvoie du reste dans chacun de ses commentaires avec une précieuse rigueur[1], qu’en soumettant chaque vocable à son propre examen, si plein de tact et de finesse, a rendu à la science des langues un service signalé, livrant aux initiés un indispensable mémento, aux commençants une mine de documents d’une richesse et d’une sûreté inappréciables.

Notre vœu le plus vif est que ce précieux volume soit accueilli comme il le mérite, je n’ose dire malheureusement dans les classes universitaires, mais au moins par ceux des préposés à l’instruction publique qui voient autre chose dans le professorat qu’une triste et stérile routine : la routine aujourd’hui, nous ne craignons pas de l’affirmer, est un acte d’improbité. Quelle différence oserait-on établir entre ces deux choses : enseigner l’erreur et passer sous silence ce qui doit être enseigné ? — Parmi les jeunes gens qui se destinent à ce noble ministère de l’instruction, il y a heureusement abondance d’amour pour la science, d’ardeur pour le vrai : voici sous leurs mains les plus merveilleux instruments d’investigation scientifique, voici les guides les plus sûrs, les plus consciencieux. Peuvent-ils hésiter ?

Abel Hovelacque.


  1. Au premier rang, le Griechisches Wurzellexikon, de M. Bonfoy. Berlin, 1839-42.