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laisser des traces, des veSTIges, se resserra davantage encore et devint 1o fouler le sol, marcher (vous avez dû reMARquer que marque et marche d’où marcher ou faire des marques ; des traces de pas, des vestiges, sont un seul et même mot), et cela par l’idée accessoire d’empreintes sui generis faites par les pieds du marcheur (j’allais écrire du marqueur), comme dans le στειβω et le στειχω des Grecs, comme dans le steigen des Allemands ; — 2o marcher sur les traces, sur les vestiges de, aller à la piste, rechercher, comme dans inveSTIgare, faire des invESTIgations ; 3o donner une empreinte spéciale, un cachet particulier, rendre toute confusion impossible, comme dans diSTInguere, diSTInguer, faire une distinction, etc. C’est le préfixe di, dérivé du verbe DVI, fendre, séparer, qui marque ici la différence des empreintes ou des STIgmates (grec francisé) ; — 4o frayer un chemin, d’où l’idée de route et de ligne, comme dans le grec ΣΤΙχος, notre STIche et notre STIque dans acroSTIche, première lettre de chaque ligne ou vers, et dans diSTIque, deux lignes ou deux vers formant un ensemble métrique.

Si la malheureuse habitude de partir toujours du seul sanskrit n’avait ici, comme dans une foule de cas, donné une fausse idée de la biologie du verbe aryaque BHU, sanskr. bhû, gr. ΦΥ —, lat. FU —, allem. bau — et bi, angl. be, etc., je n’aurais pas à insister de nouveau sur le passage de l’idée établir, constituer, allem. bau-en, à celle d’être établi, de demeurer, tud. bou-en, et, par suite, d’être ou d’exister, la dernière venue assurément. Non seulement l’étude des formes germaniques, mais encore celle des dérivés du grec φυ, comme φυ-τον, φυ-οις, φι-τυ, jettera un grand jour sur la valeur première du verbe BHU.