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nique qui les régissent, le singulier et le pluriel du présent de l’indicatif du verbe AS, être, nous donne :

Aryaque.
Sanskrit.
ASmi, je suis, asmi.
ASsi, tu es, asi.
ASti, il est, asti.
ASmasi, nous sommes, smas.
AStasi, vous êtes, stha.
ASanti, ils sont, santi.

Or, devant la forme organique ou aryaque AStasi, vous êtes (EStes), lequel est le plus complet, le mieux conservé du sanskrit Stha ou du latin EStis ? Et comment, je vous prie, l’incomplet, l’inorganique stha, pour astasi, aurait-il pu donner ce qu’il n’avait pas, c’est-à-dire les éléments organiques du latin estis ? Ceci, bien entendu, n’empêche pas le sanskrit de jeter à lui seul beaucoup plus de lumière sur ses frères qu’il n’en reçoit d’eux tous réunis.

Au demeurant, je me fais un plaisir et un devoir de constater que, dans le premier volume de son excellente traduction de la Grammaire comparée, de M. Bopp (Introduction, p. xliii), M. Bréal, citant des paroles écrites en 1820 par l’illustre linguiste dans les Annales de littérature orientale, les accompagne de commentaires qui équivalent à un retrait de l’opinion professée par le traducteur au Collége de France en 1864. Voici ces paroles : « Je ne crois pas, dit M. Bopp, qu’il faille considérer comme issus du sanskrit le grec, le latin et les autres langues de l’Europe….. Je suis plutôt porté à regarder tous ces idiomes sans exception comme les modifications graduelles d’une seule et même langue primitive. Le sanskrit s’en est tenu plus près que les dialectes congénères…