Page:Revue de linguistique et de philologie comparée, tome 1.djvu/44

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logique dont j’ai expliqué ailleurs l’origine (Lexiologie indo-européenne, p. 58-59), les Romains ont remplacé YA, lequel, par une variété du pronom interrogatif qui, quæ, quod. De leur côté, les langues germaniques substituent au YA conjonctif, tantôt un dérivé du démonstratif TA ; allem. der, die, das ; angl. that, etc., tantôt un dérivé de l’interrogatif KA ou KWA, allem. (h)welcher, welche, welches ; angl. which pour hwich remplacé au masculin et au féminin par le simple who, whom pour hwo (kwo = kwa) et hwom (kwom = kwam, lat. quem).

MA, moi, — Tu, toi, — SWA, soi, même, — TA ou SA, celui-ci, ceci, I ou A, lui, — KA ou KI qui ? quoi ? — YA, lequel, — tels sont les pronoms simples par excellence du parler aryaque ou indo-européen primordial. Ces neuf ou dix monosyllabes constituent la base incommutable, inaliénable, invariable du système pronominal des langues de l’Inde et de l’Europe, et ce système pronominal embrasse, outre les adjectifs possessifs, les adverbes de lieu et de temps, les conjonctions et les prépositions, c’est-à-dire tous les mots qui, peignant des rapports stables, constituent les os et les ligaments d’un organisme spécial de la parole. Cela est si vrai que vous ne sauriez enlever du langage indo-européen primordial (aryaque) un seul des pronoms essentiels sans en arracher à la fois une foule d’organes, pronoms dérivés, articles, prépositions, adverbes et conjonctions contenus d’abord en germe dans chacun de ces mots simples et progressivement développés en diverses séries de vocables nouveaux à l’aide du procédé d’individualisation successive (dérivation). Car tout se tient dans cet ensemble harmonique et vivant qu’on nomme une langue. Seulement, tous les organes n’y sont pas aussi nécessaires à la conservation de la vie. C’est ainsi que vous