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rent encore la restitution de cette langue positive, commune aux diverses branches de notre race ! — J’espère qu’on ne me rangera pas au nombre de ces étranges fantaisistes qui vont demander à la langue sanskrite l’explication des vocables romans. En premier lieu, cette souche linguistique dont nous parlons n’est pas plus le sanskrit que le lithuanien ou le vieux baktrien. Et ici je n’insiste pas. En second lieu, je prie le lecteur de bien remarquer que je ne m’adresse pas directement au vocable aryaque lorsqu’il s’agit d’éclaircir un mot appartenant à une langue de troisième ou quatrième degré. Un exemple ici me paraît nécessaire.

Supposons, tout gratuitement, que de pattaram à pasteur il existe 7, 8, 9 degrés successifs… j’aurai tour à tour à parcourir ces divers échelons, par la voie du latin, et ce ne sera pas de prime abord et guidé par le semblant du sens que je rapprocherai immédiatement pasteur de la racine PAt, nourrir ( gr. πατέoμαι, je me nourris), secondaire d’un , garder, sustenter, racine véritable. — Tour à tour, quand je me serai dûment renseigné sur la portée active du dérivé pat-tar, celui qui nourrit (cfr. dâ-tar) celui qui donne, gan-tar, celui qui engendre), à l’accusatif pat-tar-am, devenant pattorem, puis, d’après les lois de dissimilation[1], pastorem, puis pastor, j’arriverai enfin à pasteur, et je me dirai : pasteur est l’accusatif d’un thème dérivé au premier degré, au sens de celui qui nourrit.

  1. À savoir le changement de d et t en s devant t, exemple : equester pour equet-ter, cfr. equit-are, equit-em, ou encore claustrum pour claud-trum, cfr. claud-ere. Ajoutons qu’en certains cas, ce st, résultant de ladite rencontre consonantique, donne à son tour, par assimilation cette fois, un simple s ; exemple : ludtum, lustum, lusum, ou encore uttus, ustus, usus.