Page:Revue de linguistique et de philologie comparée, tome 12.djvu/139

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 129 —

reux, où ils pourront passer l’hiver tant bien que mal, jusqu’à ce que le remplacement de la vie nomade par la vie sédentaire ait permis de leur donner plus de bien-être par la construction des abris et par la récolle des fourrages et des céréales. Cette dernière amélioration dans le régime du peuple arya est l’œuvre de Yima, ce qui, bien entendu, n’empêchera pas les troupeaux de retourner paître les riches pâturages de la montagne au retour des chaleurs, pendant que les moissonneurs leur prépareront des réserves alimentaires pour la mauvaise saison. Les versets 12-16 du yesht x suffiraient à eux seuls pour le prouver, puisqu’ils parlent « du sol aryaque, où de hautes montagnes, abondant en pâturages et en eaux, produisent ce qui est nécessaire à l’entretien do bétail, » ce qui indique bien que le passage des Aryas de la vie nomade à la vie sédentaire ne les a pas empêchés de continuer à envoyer leurs troupeaux dans les montagnes pendant la belle saison. Ce passage du yesht x se rapporte d’ailleurs à une époque relativement récente de la vie des Eraniens, puisqu’on y voit qu’ils occupent déjà la Sogdiane, la Margiane, le Hérai, et d’autres contrées dont nous ne connaissons pas l’identification. En lisant le deuxième fargard du Vendidad, on croit donc assister, non pas au fantastique déluge universel, mais à l’une de ces scènes de transhumance qui, de nos jours encore, se renouvellent tous les ans, aussi bien dans le district d’Alatau que dans une foule d’autres régions du globe, notamment en Espagne, en Grèce, en Italie, dans le sud-ouest et dans le sud-est de la France.

Yima donc choisit au pied des montagnes un emplacement convenable, vaste, à l’abri des grandes intempéries