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Page:Revue de linguistique et de philologie comparée, tome 2.djvu/47

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donc assez naturel que, renversant le problème, je veuille rechercher, au moyen de ces transcriptions, quelle était la manière dont les Grecs prononçaient certaines lettres de leur alphabet. La prononciation érasmienne, adoptée dans nos écoles, est condamnée comme tout à fait artificielle par beaucoup de professeurs qui préfèrent celle du grec moderne ; celle-là, disent-ils, est au moins une prononciation dont on est sûr. Les principales lettres articulées différemment dans l’un et l’autre système sont β (v ou b), η (è ou î), θ (t aspiré ou th anglais), υ (ü ou i), χ (k aspiré ou ch allemand) ; il faut y joindre les diphthongues ευ, αυ, ηυ et αι (ai ou è), ει (ei ou i), οι (oi ou i). Ajoutons le φ que tout le monde lit f, mais dont cependant la prononciation est discutée. Les savants les plus autorisés ont traité la question et l’ont résolue contrairement à l’opinion des partisans du grec moderne ; mais, convaincu qu’une preuve de plus n’est jamais sans opportunité, quelle qu’elle soit, j’exposerai ici les résultats de la comparaison entre les noms géographiques du sud de l’Inde, tels qu’ils sont écrits par les Grecs et les mêmes noms sous leur forme originale. Il importe tout d’abord, pour que les conclusions de ce travail paraissent plus évidentes, de démontrer : 1° que la prononciation des langues dravidiennes n’a pas changé sensiblement depuis les premiers siècles de l’ère chrétienne ; 2° que les Grecs ne devaient pas éprouver de difficultés sérieuses à prononcer des mots dravidiens, et que par suite leurs transcriptions ont pu être souvent littérales. Auparavant je rappellerai en quelques mots rapides ce que sont les langues dravidiennes.

Ce nom dravidien est tiré du mot dravida, par lequel les Sanskrits désignaient le pays où étaient en usage les idiomes dont nous nous occupons et qui dérivent d’une antique langue probablement parlée seule dans toute l’Inde antérieurement à l’invasion aryenne. Le sanskrit n’a pas dédaigné