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Page:Revue de linguistique et de philologie comparée, tome 2.djvu/51

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cherchèrent à représenter ces lettres dans les mots qu’ils transcrivirent ? Voyons ce que font les Européens de nos jours : ils écrivent t, n, l au lieu de ṭ, ṇ, ḷ ; d ou r au lieu de ḍ ; r ou rr pour r′ ; et r au lieu de j ou . Les Grecs n’ont pas procédé autrement : au lieu de sôja ou sôṛa, ils ont écrit Σῶρα ; au lieu de pâṇḍiyam, πάνδιον, en substituant la terminaison neutre grecque à la terminaison neutre sanskrite : le mot tamoul est simplement pâṇḍi.

Je viens de donner deux exemples remarquables de l’exactitude des transcriptions qu’ont faites les géographes grecs. En voici quelques autres non moins dignes d’intérêt ; le cap Comorin, kumari ou kumâri, dont la première syllabe est prononcée en tamoul ku ou ko, est nommé par Ptolémée ϰομάρια ἄϰρον ; maduré (madhurâ sansk. drav., anc. madurâ, tam. madurœ), μόδουρα (Pline écrit modusa) ; une ville du sud de l’Inde, tén′n′agara-m, τενναγόρα. De même παλοῦρα est pour pâlûr, « ville du lait » (nous avons vu plus haut que le mot tamoul ûr était jadis ûra) ; ϰαροῦρα pour karûr ou karuvûr « ville noire » ; μαγγάνουρ pour mâṅgaḷûr, « ville des manguiers » ; ἀρϰάτου pour âr′ukâḍu « bois traversé par une rivière. » La transcription de ce dernier mot est plus exacte qu’elle ne paraît : sauf à la dernière syllabe accentuée, l’u bref est généralement très léger en tamoul ; de plus, dans la conversation le mot âr′ukâḍu est employé le plus souvent sous sa forme oblique ou adjective (âr′ukâṭṭu prononcé presque ârkâṭṭu). Les correspondances de ces divers mots peuvent être admises sans discussion, l’évidence est assez grande ; les suivantes demandent quelques explications. Les Indiens nomment kaḷḷimêḍu (corr. europ. Calimère, r pour ), « monticule des cactus », le cap en face de Ceylan ; Ptolémée indique à peu près à la même place une pointe qu’il appelle ϰώρυ ἀϰρὸν τὸ ϰαὶ ϰαλλίγιϰον ; la première syllabe de ϰαλλίγιϰον représente donc le kaḷḷi tamoul. Une