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Page:Revue de linguistique et de philologie comparée, tome 20.djvu/338

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Ce n’est pas l’influence des Germains que les Romains craignaient pour les Gaulois, mais bien leurs déprédations. S’ils n’avaient pensé qu’à agir sur l’esprit des populations, ils eussent dispersé leurs troupes dans des garnisons intérieures. Au lieu de cela, ils tenaient leurs légions sur le Rhin, pour faire jouir la Gaule de cette pax romana dont les douceurs ont dû puissamment contribuer à maintenir les peuples conquis dans l’obéissance.

On imposait aux vaincus la langue et la religion des vainqueurs. Pour ce qui est de la religion, on conviendra que voilà au moins une assertion étrange. Le polythéisme n’était pas, ne pouvait pas être persécuteur. Si certains cultes orientaux ont été proscrits à Rome, c’était en raison des orgies auxquelles ils donnaient prétexte. À cette exception près, où l’on ne verra certes pas un acte d’intolérance, le Panthéon romain était ouvert à toutes les divinités. On se souvient de ce trait d’Alexandre Sévère qui, ayant entendu parler du Dieu des chrétiens, introduisit Jésus-Christ dans le sanctuaire de ses divinités. Personne n’ignore aujourd’hui que les persécutions dirigées contre les chrétiens avaient une cause toute politique. Ces polythéistes tolérants, qui admettaient tous les dieux, ne comprenaient pas que l’on refusât, dans certaines circonstances solennelles, de sacrifier aux dieux de l’Empire.

Des massacres, comme ceux dont parle M. Brachet, ont bien eu lieu en Judée, mais rien de pareil ne s’est passé en Gaule. Les cruautés qui ont accompagné la conquête par César n’ont pas été renouvelées, et durant les cent ans qui suivirent l’annexion de la Gaule et pendant lesquels on prétend que celle-ci s’est complètement romanisée, il