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être décomposé en passé et en futur. Cette instabilité du présent a bien été rendue par ce vers :

Le moment où je parle est déjà loin de moi.

Si, du domaine de la spéculation, nous passons dans celui des faits, nous constatons que l’hébreu n’a pas connu ce temps.

Donc, au début, deux temps : un passé et un futur. En grec, nous les trouvons dans le futur et l’aoriste seconds : τυπῶ, ἔτυπον. En sanscrit, nous n’avons que l’aoriste, les futurs étant composés, et par conséquent d’origine plus récente ; mais il est probable que ceux des présents qui se forment en ajoutant directement les terminaisons à la racine (deuxième conjugaison) ne sont que d’anciens futurs ; car, comme nous essayerons de le démontrer, c’est ce dernier temps qui a fourni plus tard le type du présent. Constatons d’ailleurs que, bien que le futur ait ses formes spéciales, le sanscrit emploie volontiers en leur lieu celles du présent.

Les langues slaves actuelles ne nous offrent, au contraire, qu’un futur, le passé étant composé, mais le slavon avait un passé de l’aoriste.

Aspect imparfait. Cet aspect, comme nous l’avons dit plus haut, s’est formé par voie d’abstraction : une série d’actions a été considérée dans son ensemble, comme action prolongée, ou comme habitude. Aussi peut-on dire que cet aspect fait abstraction de la question de temps, et qu’une seule forme a dû lui suffire au début. Voyons comment cette forme a été obtenue.

On prendra la forme du futur et on l’allongera. Ainsi,