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Page:Revue de linguistique et de philologie comparée, tome 26.djvu/79

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mense appareil de rites sacrés et d’observances variées suivant les diverses classes de la société. En même temps, par une conséquence naturelle, les spéculations philosophiques étaient devenues l’unique occupation des prêtres, des brames, des premiers du peuple, auxquels était exclusivement réservé le droit de penser, de raisonner et d’instruire. De bonne heure aussi, sous l’influence d’une nature toujours épanouie dans la splendeur de son incomparable majesté ; sous le pur éclat d’un soleil toujours radieux et superbe ; au milieu d’une vie facile où les désirs, peu nombreux, sont toujours aisément satisfaits, les philosophes indiens avaient compris qu’il n’y a rien de réel au delà du monde physique et que tout peut et doit être discuté. Admettant pour unique et nécessaire postulatum leur propre existence, ils observèrent trois sortes de phénomènes : la double série d’actes matériels et sensoriels qui constituent la vie et qu’on peut résumer par ces deux mots : l’âme et le corps ; les transformations incessantes et successives de la matière immanente et, par suite, son éternité ; l’identité du fonctionnement de la pensée chez tous les hommes. De là naquit leur théorie de l’âme universelle, paramâtmâ, répandue dans la matière universelle.

Mens agitat molem et magno se corpore miscet,

et des âmes individuelles, djîvâtmâ, manifestations accidentelles de l’âme universelle dans une localisation particulière, sous une forme limitée, de la matière universelle. D’autre part, puisque la vie, pour tous les êtres, n’est, dans le cas le plus favorable, qu’une suite de bonheurs