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arriva de lui-même, une nuit, à la certitude, sous un multipliant qu’on montre encore aux fidèles, près du rivage de la Nâirandjarâ, non loin du village d’Uruvilva.

Siddhârtha avait trente-six ans quand il acquit ainsi la connaissance de la bonne voie, quand il devint le sage par excellence, le Bouddha. Il vécut encore quarante-quatre ans, pendant lesquels il ne cessa pas un seul jour de prêcher « la vraie doctrine ». Quel fut son enseignement pendant ces quarante-quatre années ? le modifia-t-il ou le continua-t-il toujours uniforme ? Nous l’ignorons, car nous n’avons sur ses prédications qu’un recueil de ses discours familiers et de ses aphorismes, écrit plusieurs siècles après sa mort. Que cet événement historique se place à l’année 543 avant Jésus-Christ, date généralement adoptée, ou à l’année 412, comme des spécialistes l’ont proposé d’après les résultats de travaux récents, on sait que l’écriture ne fut introduite dans l’Inde qu’au troisième siècle avant notre ère.

Il paraît établi que le Bouddha commençait par affirmer l’existence matérielle de l’homme, mais en lui déniant toute personnalité morale. De même, disait-il, qu’un char n’existe que par ses brancards, ses roues, son siège, qui sont autant de manifestations locales de la substance universelle ; de même, l’homme n’existe que par les skandha « divisions, parties », c’est-à-dire par les vingt-huit éléments matériels, les six sensations, les six perceptions, les cinquante-deux facultés et le raisonnement conscient, qui sont de même des manifestations de la substance. Le raisonnement conscient est une simple amplification, sous quatre-vingt-dix-neuf variétés, des cinquante-deux facultés envisagées au point de vue du mérite ou du démérite. C’est tout cela qui est la vie ; la mort n’est que la cessation