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Pour atteindre le but suprême, suivant le Bouddha, il faut tout d’abord connaître exactement les quatre vérités, qui sont : la nature de la douleur, ses causes, sa terminaison, la voie qui conduit à cette terminaison. La douleur, c’est la naissance, l’amour, la fortune, la vieillesse, la mort, en un mot tout ce qui contribue à la personnalité. La cause de la douleur, c’est la sensation qui produit le besoin, la soif d’agir et de vivre. La terminaison de la douleur arrive quand cette soif irrésistible, cette redoutable activité individuelle est complètement épuisée. La voie du salut, c’est le moyen d’épuiser cette soif, de mettre un terme à cette activité. On y arrive seulement quand on connaît les huit principes, que je ne saurais détailler ici, et qu’on ne réussit d’ailleurs à connaître que par une série d’étapes progressives, en passant par quatre états d’esprits différents. Le premier état est celui de la conversion, de la connaissance du vrai. Le second, celui de l’avant-dernière renaissance, où l’illusion de l’individualité est en quelque sorte réduite à son minimum. Dans le troisième état, qui est la dernière vie corporelle, l’être n’est plus capable de désir ni de haine, il est devenu « vénérable », arhat, et il emploie cette dernière vie à se dépouiller de toute aspiration, de toute idée de permanence, de tout sentiment de sa propre sagesse, de toute trace d’ignorance. Quand il y est arrivé, il meurt physiquement et entre alors dans le quatrième état, le Nirvâṇa.

On a beaucoup discuté, en Europe, sur le véritable sens de ce mot, qui peut se traduire « l’extinction, l’anéantissement ». On a voulu généralement y voir l’anéantissement matériel absolu. Cette interprétation n’est point exacte ; le Nirvâṇa, c’est l’anéantissement de l’activité et