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AMOUR ET GUERRE


DEUX PETITS POÈMES TAMOULS ANCIENS




La littérature tamoule est certainement plus vieille qu’on ne le pensait il y a une trentaine d’années. On plaçait au IXe siècle de notre ère ses premières compositions poétiques. Par une réaction assez naturelle, beaucoup de travailleurs indiens, en présence d’une erreur aussi manifeste, ont reporté les commencements de cette littérature à une époque tout à fait invraisemblable ; ils sont allés jusqu’à supposer contre toute évidence que les Tamouls ont eu une écriture originale indépendante, un développement littéraire préaryen, une période de fécondité poétique très brillante, et ils ont admis qu’une vaste région de leur pays, celle qui aurait été précisément le théâtre de cette éclosion poétique, aurait été ensevelie sous les eaux, car elle se serait étendue vers le Sud, bien au delà du cap Comorin.

Ce ne sont là que des hypothèses fantaisistes. L’alphabet tamoul le plus ancien que l’on connaisse dérive incontestablement des écritures septentrionales, et rien ne prouve que l’écriture ait été connue antérieurement dans le pays. La littérature tamoule, d’autre part, a son prototype évident dans celle du Nord. Enfin il est extrêmement vraisemblable, pour ne rien dire de plus, que les Dravidiens ont été civilisés, façonnés, instruits, par des gens du Nord amenés chez eux par des causes religieuses. Or, l’écriture n’a été introduite dans le Sud que vers le IIIe siècle de notre ère, et les plus anciens documents écrits tamouls ne remontent pas au delà