Page:Revue de linguistique et de philologie comparée, tome 37.djvu/289

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— 279 — « Est fait comme un très gros balai ». Celui-là de la bête avait touché la queue. Le troisième aussitôt : « Quelle vision bleue ! « Savez-vous ce qui seul est vrai? « Un éléphant est fait comme un van gigantesque! »> Celui-ci, qui parlait d’un ton si pédantesque. Sur l’oreille avait mis la main. Là-dessus, jusqu’au lendemain, Par maint argument fort grotesque Discutèrent nos sots : ils en vinrent aux coups. Par cette fable, enfants, instruisez-vous : Apprenez à ne pas juger sur l’apparence; Sans un long examen on se trompe souvent; Il faut avoir d’abord beaucoup de ’défiance Et ne juger qu’après être allé plus avant. Biarritz, 16 février 1870. La seconde traduction, incontestablement supérieure à tous les points de vue, est due à un jeune poète, fils de poète, dont le talent naissant donne les plus belles espérances. Les premiers succès qu’il a obtenus au théâtre et dans la littérature lui assurent un avenir aussi brillant, mais plus calme sans doute. que celui de son père, le puissant auteur de la Chanson des queux et de Nana-Sahib. M. Jacques Richepin a traduit ainsi : Plusieurs aveugles de naissance S’étaient promis de voir un éléphant. Aussi prièrent-ils un cornac bon enfant Qu’il leur permit d’en prendre connaissance. " Regardez-le », dit-il, « quoique vous voyiez mal! » — « Jamais », répond l’un d’eux, a mon toucher ne me Et de prendre aussitôt le pied de l’animal. i trompe » Le second empoigne la trompe Et comme le premier regarde avec sa main . Les deux derniers, d’une façon pareille. Regardent la queue et l’oreille. Puis le cornac se remet en chemin.