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Page:Revue de linguistique et de philologie comparée, tome 6.djvu/251

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merveilleuses si un tel mot ne devait être banni de la science, auxquelles ont été conduits les savants qui ont exercé leur activité dans le domaine indo-européen, en la prenant pour aide et pour guide. Celui qui est au courant de l’œuvre remarquable de Schleicher ; celui qui a lu et médité les principes fondamentaux, la raison d’être de cette puissante méthode, dans la rapide esquisse que le maître en a tracée, ne saurait comprendre qu’on n’essayât pas de l’appliquer à tous les produits sonores de l’organisme humain, c’est à dire aux diverses manifestations du langage articulé. Celui-là seul peut s’y refuser qui nie la constitution matérielle du langage ; qui, méconnaissant les faits, voit dans la parole une œuvre artificielle, indépendante de l’homme et extérieure à ses organes ; qui n’a pas conscience de la nature intime des éléments linguistiques ; qui ne s’est point rendu compte du développement et de la décadence du langage ; qui, enfin, n’a pas compris la réalité des deux phases successives de la vie des langues. Il est vrai que celui-là ne saurait, à vrai dire, prétendre faire de la science et que ses travaux, malgré tout, ne pourront jamais offrir qu’un intérêt secondaire.

C’est surtout à propos du verbe que l’imagination des bascophiles amateurs, des grammairiens empiriques s’est donné libre carrière. Le verbe basque présente à l’observateur un édifice véritablement très compliqué, dont, faute d’idées générales suffisantes, on n’a habituellement pas compris la nature. Et pourtant, lorsqu’on compare le verbe basque à celui des langues les mieux étudiées, indo-européennes, sémitiques, ougriennes[1], on trouve que

  1. J’entends ce mot dans le même sens que M. Budenz, dans ses Ugrische sprachstudien. Il s’agit de la famille linguistique dite vulgairement finnoise, finno-tatare, etc., constituée par le suomi, le la-