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E. BATAILLON. LOUIS PASTEUR. 13-

corrompues d’un jeune taureau, loin même de Van Helmont, qui en plein xvii" siècle indiquait encore des moyens pour faire naître spontanément les grenouilles, les souris et les anguilles. Des expérimentateurs comme Needham, Spallanzani, Schwann, Schullze avaient refoulé la’diffîculté sur ce terrain des végétations microscopiques où Pasteur venait de s’engager. On peut même dire que la vraie méthode était trouvée. `

Si l’on détruit par le calorique les germes que l’on suppose exister dans une infusion organique et si on la soustrait à l’action possible des germes du dehors, il se produira des êtres vivants dans sa masse on il ne s’en produira pas. S’il s’en produit, c’est par génération spontanée ; s’il ne s’en produit pas, la doctrine est fausse. Cette méthode entre les mains dé Needham qui l’inventa, prouvait la génération spontanée ; entre les mains de Spallanzani, elle renversait la théorie. Spallanzani objectait avec raison à son adversaire qu’il ne suffit pas de chauffer des infusions le temps seulement qu’il faut pour faire cuire un œuf de poule. Ses vases hermétiquement clos, il les laissait une heure dans l’eau bouillante et rien n’y végétait. Mais, à Spallanzani, à Schwann, à Helmholtz on .objectait l’altération possible par la chaleur d’une puissance végétative contenue soit dans l’infusion, soit dans l’atmosphère qui la recouvre. Pouchet communiquait en 1860 à l’Académie des sciences une expérience habilement conçue qui devait au moins éliminer l’objection d’une altération possible de l’atmosphère de ses ballons. Maiheureusement, on ne pouvait l’accuser d’avoir détruit la force végétative quelle que fût son origine, puisque son infusion préalablement stérilisée par la chaleur, malgré toutes les précautions prises pour la préserver d’une invasion extérieure, développa des moisissures. L’expérience avait été mal conduite. Pasteur montra comment des germes extérieurs avaient pénétré. Reprenant cette étude et éliminant successivement toutes les objections possibles, il établit nettement qu’avec les précautions voulues, on arrive à conserver indéfiniment stables les liquides les plus altérables. Il montra qu’il y a des germes dans l’air. Il parvint à les extraire et à réaliser une contreépreuve qui éloignait toute idée d’une altération possible des principes du milieu. Ces germes introduits dans des ballons restés intacts pendant des mois y végétèrent immédiatement. Pasteur pouvait, à la suite de ces belles études, surlesquelles nous reviendrons, conclure’ à la négation d’une doctrine qu’il avait sapée par la base. « Gaz,