Page:Revue de métaphysique et de morale, 1896.djvu/282

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LA SCIENCE RATIONNELLE l Qu’est-ce que la science rationnelle ? C’est une certaine tentative d’explication des choses. Et qu’est-ce qui caractérise cette tentative1 ? C’est qu’elle procède de notre croyance que sous la mobilité fuyante des choses l’ebprit parviendra à saisir du constant. Faire œuvre de science rationnelle c’est, par définition même, chercher à formuler quelque relation constante en des propositions qui se nomment des lois. Que sont enfin les choses qu’il s’agit d’expliquer ? Ce sont les phénomènes, Reste à savoir comment se formulent les lois. Prenons donc une série d’exemples empruntés à des domaines de plus en plus savants, et, analysant les éléments sur lesquels ils portent, montrons que ce sont des constructions s’éloignant de plus en plus, par leur caractère contingent, des matériaux nécessairement donnés. PREMIER EXEMPLE « Quand on a vu l’éclair, on entend le tonnerre. » Voilà bien une loi énonçant une relation constante. Ce qu’elle affirme est présenté indépendamment de toutes circonstances variables de temps, de lieu, de personnes. Qu’est-ce que « l’éclair », « le tonnerre » ? Ce sont des phénomènes donnés, produisant telle impression l’un sur la vue, l’autre sur l’ouïe, – et ils sont liés par un rapport de succession. L’idée de succession dans le temps est aussi d’ailleurs un élément donné quelles qu’en soient l’origine et la nature, elle s’impose à nous aussi nécessairement que les impres1. Les cinq leçons dont je présente ici un résumé succinct ont formé une introduction à mon cours (1895-96), dont le titre général est La science positive et la philosophie de la connaissance et dont l’objet spécial est pour cette année l’étude de la géométrie grecque en elle-même et dans son rapport avec la pensée grecque. (Voir la leçon d’ouverture, Revue scientifique, 21 mars.)