Aller au contenu

Page:Revue de métaphysique et de morale, 1896.djvu/304

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
302
REVUE DE MÉTAPHYSIQUE ET DE MORALE.

Qu’on juge par Auguste Comte et par la modestie excessive où il tombe sans cesse à l’égard des ressources de l’intelligence humaine — qui donc a pu parler des promesses exagérées du positivisme ? — de ce que peut sur un puissant esprit quelque reste d’attachement à l’absolu. D’ailleurs c’est à Auguste Comte lui-même que nous demanderons un témoignage à l’appui de notre thèse, en citant un mot profond, et qui aurait pu servir d’épigraphe à cette étude. Parlant de ce que nous assimilons couramment des arcs de trajectoire planétaire à des arcs de cercle ou même à des portions de droites, tout en sachant que cela ne répond pas à la vérité, il dit : « Nos ressources à cet égard sont bien plus étendues [que celles des Anciens], précisément parce que nous ne nous faisons aucune illusion sur la réalité de nos hypothèses, ce qui nous permet d’employer sans scrupule, en chaque cas, celle que nous jugeons la plus avantageuse. » S’il eût médité ces quelques mots, Auguste Comte n’aurait plus eu peur des chimères pour la science rationnelle.

G. Milhaud.