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32 REVUE DE MÉTAPHYSIQUE ET DE MORALE.

natllr :1_1i ;:Jp.~ it"tljpn~ ftnj~ ~a x7i*pnc rI~ ~v .mo ~’<t)m~ ;c ~t naturalistes italiens que je viens de citer, que je n’aurais pas hésité, sans doute, à considérer comme exacts les faits signales à diverses reprises par des savants aussi exercés dans l’étude des vers à soie que les professeurs Filippi, Cornalia, Vittadini, Ciccone. » Mais l’expression la plus nette de cette force sur laquelle nous insistons à dessein se trouve dans la préface des Études sur la bière. « L’idée de ces recherches m’a été inspirée par nos malheurs. Je les ai entreprises aussitôt après la guerre de 1870 et poursuivies sans relâche depuis cette époque, avec la résolution de les mener assez loin pour marquer d’un progrès durable une industrie dans laquelle l’Allemagne nous est supérieure. »

Aborder un sujet avec la résolution de le mener là n’était pas une prétention injustifiable de la part de Pasteur. Il savait de quelles ressources expérimentales il disposait, il jugeait la matière féconde et se promettait d’en tirer tout ce qu’eue pouvait fournir à ses méthodes. Mais ici, nous voyons intervenir un levier d’un autre ordre ; ce levier, c’est ce patriotisme ardent qui donne à la figure de Pasteur une tournure si caractéristique.

Il n’appartient à personne d’apprécier tel ou tel épisode bien connu. Pasteur avait fait dans sa vie une part assez large au progrès universel et à l’humanité pour laisser à l’amour-propre national blessé sa libre manifestation. Du reste, l’idée de science et l’idée de patrie étaient unies dans sa pensée par des liens indissolubles. Après avoir déploré l’état misérable de nos laboratoires et leur infériorité sur les établissements similaires étrangers, dans son’ Budget de la science, il présentait en 1868 au gouvernement impérial tout un projet de réorganisation de l’École normale, de l’École polytechnique, du Muséum et des Facultés de province. Les Universités d’outreRhin hantaient son esprit. « II faudrait par les dénominations d’Universités de Paris, de Lyon, de Strasbourg, de Montpellier, de Lille, de Bordeaux et de Toulouse formant par leur faisceau l’Université de France, introduire entre les cités et leurs établissements d’enseignement supérieur quelques-uns des liens qui rattachent les Universités allemandes aux localités qu’elles honorent. »

Après nos désastres, la même voix se faisait entendre Il faut travailler par tous les moyens possibles à asswer dans un prochain avenir la supériorité scientifique de la France. Et Pasteur nous dit pourquoi la France n’a pas trouvé d’hommes supérieurs au moment du péril.