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108 REVUE DE MÉTAPHYSIQUE ET DE MORALE.

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supposée constante, il ne résulte pas qu’elle doive être finie. Une grandeur infinie peut ètre constante aussi bien qu’une grandeur finie ; et ceux qui conçoivent (à tort, du reste) l’infini comme un maximum, non susceptible d’augmentation et de diminution (p. 142), devraient être les derniers à le contester. Tout ce qu’on peut dire, c’est que nous ne pouvons pas vérifier la constance d’une grandeur infinie, puisqu’une variation finie la laisse encore infinie. Mais comme, dans le cas où l’énergie de l’univers serait finie, nous ne pourrions pas davantage en faire la somme pour nous assurer de sa constance, c’est là un inconvénient tout théorique, dont on ne saurait d’ailleurs arguer pour trancher une question de fait qui ne dépend nullement de notre commodité.

En second lieu, lors même que l’énergie de l’univers serait finie, il ne s’ensuivrait pas que sa masse totale le fût également car on = peut concevoir une loi des vitesses telle que, la somme des masses (S m) étant infinie, la somme des forces vives (2 tou2) fût néanmoins finie. II suffit d’ordonner celle-ci sous la forme d’une série, qui sera convergente pour une certaine loi de décroissance des vitesses or rien n’empêche de supposer que la plus grande partie de la masse totale est animée de vitesses très petites, ou même est en repos. En troisième lieu, lors même que la masse de l’univers serait finie, il ne serait pas encore prouvé que le nombre des atomes doive l’être aussi car on peut concevoir une loi de décroissance des masses atomiques telle, que les atomes, en nombre infini, aient néanmoins une masse totale finie. C’est l’hypothèse proposée par Wundtpour concilier l’infinité du monde et la « finité » de sa masse. M. Hannequin ne réussit à la réfuter qu’en supposant que tous les atomes ont des masses égales, ce qui ne parait pas nécessaire. Enfin, si l’on refuse d’admettre des atomes de masses inégales et de plus en plus petites, alors, mais alors seulement, on sera obligé de renoncer à l’hypothèse atomique elle-même, et de concevoir la masse de l’univers comme continue, sa densité variant d’un point à l’autre et décroissant indéfiniment, de telle sorte que son intégrale (somme des masses élémentaires) soit finie ; ce qui n’offre aucune difficulté, quoi qu’en pense l’auteur (p. 139). On le voit, toutes les contradictions imputées à l’atomisme proviennent, soit d’une conception archaïque de l’atomisme, qui tend à faire de la physique de Démocrite le dernier mot de la science moderne, soit du préjugé finitiste. De l’aveu même de l’auteur,