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J.-J. GOURD. – LES TROIS DIALECTIQUES. 149

III. La Morale de V ’obligation – La marche de la dialectique pra-III. La Morale de V obligation – La marche de la dialectique pratique continue à présenter d’intéressantes analogies avec celle de la dialectique théorique.’ Une fois la coordination établie, il reste, pour l’une comme pour l’autre, une dualité aussi gênante que fondamentale. Précédemment, c’était celle du sujet et de l’objet : maintenant, c’est celle de ce qui acquiesce et do ce à qupi il est acquiescé,1 de l’agréant et de l’agréé. La correspondance est visible. L’agréant, ’̃ c’est une sorte de sujet moral, et l’agréé une sorte d’objet moral : Disons encore que, des deux côlés, cette dualité naît de la dialee-" tique elle-même, et va s’accusant avec le progrès de la coordination. C’est surtout lorsque le monde donné est dépouillé, non seulement de ses cléments strictement particuliers, mais aussi de ses qualités irréductibles, et enfin de’ ses éléments psychiques, que le sujet se f~ sent étranger à l’objet, et que le passage de l’un à l’autre paraît difficile à accomplir. De même,- c’est surtout lorsque le monde pratique s’éloigne, non seulement du plaisir passager, isolé, mais aussi du plaisir régularisé, sérié, et ne conserve plus que ce plaisir volatilisé, dont la volonté pénètre les essences morales, c’est surtout alors que eL’ l’agréant se sent étranger à l’agréé, et que la dialectique se demande comment elle pourra assurer le passage d’un terme à l’autre. A l’origine, la question ne se posait pas, car il y avait confusion entre les deux termes ; la réaction volontaire ; ne dépassant pas le fait présent, était à la fois agréante et agréée. Aux premiers degrés de coordination, la distinction s’est posée, car la réaction volontaire a été sollicitée à se porter au delà du fait présent,- à embrasser la série ; et déjà le plaisir sérié pouvait rencontrer des hésitations, ou de l’hostilité, de la part des volontés ardentes et, capricieuses. Aux • degrés les plus avancés, la distinction s’est marquée plus fortement encore. C’est l’opposition de la volonté, et de ce qui n’est pas elle. En ` j’ ; brisé lé duâlisïne ’0>. et :du ’0 :- ,< 0,

vain avons-nous brisé le dualisme partiel du bien et du bonheur, et admis que la perfection vaut par elle-même, qu’elle est. aimable par c : elle-même ; en vain avons-nous transporté sur elle et en elle un élément de plaisir, encore faut-il être sensiblcau résultat de cetle,opéra- c’ tion ; et.de fait, rien ne nous assure que, l’ayant agréé une fois, nous’ l’agréerons dans toutes les circonstances possibles, et avec assez de ! force pour triompher de toutes les sollicitations contraires. Ne faut-il [ pas toujours compter ave.c l’imprévisibilité du. plaisir, surtout dans ’• l’acquiescement du sujet ? Or la mise en ordre des, volitions reste ,2 suspendue tant qu’elle n’est pas assurée de cet acquiescement. Car