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J.-J. GOURD. – LES TROIS DIALECTIQUES. 1S5

parti qu’a pris la morale de l’obligation. La volonté, par une sorte de dédoublement, se. réservait en_face de son ouvrage et gardait encore sa spontanéité, sa liberté d’acquiescement elle en a été <~ dépouillée. Le sujet moral a dû abdiquer en faveur de l’objet moral, L- S la finalité a été convertie en causalité, et lé plaisir a été soumis à • un dernier sacrifice. Il faut le reconnaître, la dialectique a graduellement rapproché la volonté de’ la pure action réflexe. – Toutefois un ̃ élément de finalité el du libre acquiescement- subsiste. Oublions, en le disant ; les arguments traditionnels en faveur de la liberté, ordinairement si entachés’de’préoccupatiqns .étrangères à la morale pro- A prement dite, et bornons-nous à considérer la chaîne causale que l’obligation vient d’introduire. Elle ne s’explique point par une . ô i i q. point par, u ne

nécessité rigoureuse. C’est un acte de profonde liberté que celui de l’engagement moral. Sans doute, la ’dialectique l’exige ; mais pourquoi, obéir à la dialectique ? Quoi qu’on en ait dit, il n’y a d’obligation d’aucune sorte, ni extérieure, ni intérieure, à s’obliger nïoralement. On s’oblige parce qu’on’ le veut bien, à ses risques .et périls. ! Les meilleurs raisons, les plus fortes déterminations intellectuelles, w p

sont impuissantes à rious conduire malgré nous à cette décision. Et il ne suffirait- pas qu’elles nous y. conduisissent sans nous. L’acte initial suppose une intensité qui ne se rencontre que dans la liberté .El des intensités analogues doivent se retrouver à chaque grand f ̃ moment de la vie morale. Enfin, même au cours ordinaire de notre "çonduité, Ie sü ;jèt pèut-b~en être soùims, niè,is non a :ùnihilé.. Il`se con conduite, le sujet peut bien être soumis, mais non annihilé. Il se convertit, mais- en restant distinct.- Peut-être son acquiescement au’ détail disparaît-il entièrement quelquefois, mais son acquiescement t à l’ensemble demeure. Il garde toujours au moins l’amour de la règle, • i amour du devoir, ce que Kant appelait, dans sa sévérité, le respect, pour la loi morale. Et remarquez que l’acquiescement à l’ensemble ne subsiste qu’en se renouvelant sans cesse. Mais, par cela même, °v ̃ la loi morale pourrait aussi bien à chaque moment être mise en échec. La dialectique n’a donc point supprimé tous les obstacles. – D’ailleurs, du côté’ de l’objet moral, elle n’est pas allée non plus jusqu’au bout de son œuvre. Le maximum de fixité n’a pas été ~Y atteint. Elle a dû laisser quelque flexibilité aux essences morales, ~ ? soit en prévision des progrès toujours- possibles dé la coordination,

soit,
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soit surtout dans l’impo,ssibilité de répondre exactement aux com-. plexités de la vie humaine. Elle serait revenue sur elle-même, en ~s essayant de s’avancer plus loin.