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ira REVUE DE MÉTAPHYSIQUE ET DE MORALE.

que dans l’hypothèse où les faits sont enchainés l’un à l’autre selon des lois inviolables supposez que le même antécédent étant donné, le même conséquent ne se produise pas, l’induction est impossible. La science ne se borne pas à constater des rapports constants entre les phénomènes, elle applique à ces rapports la mesure et le calcul, elle ne se regarde comme achevée que quand elle a pris la forme déductive en traduisant les résultats de l’expérience dans le langage des mathématiques. Cette extension progressive de la déduction ne suppose-t-elle pas la négation de toute contingence, l’affirmation implicite que toute réalité en son fond dernier est réductible à des éléments quantitatifs, dont la somme est invariable. Ainsi la science a la nécessité universelle tout à la fois pour principe et pour conséquence elle la suppose d’abord, mais tous ses résultats la confirment et la vérifient. La découverte des lois comme leur généralisafion progressive, l’usage des procédés inductiis comme l’effort pour élever la science à la forme déductive impliquent que tous les faits se lient et s’enchaînent, que la quantité d’énergie est une quantité constante que la diversité des phénomènes transforme sans l’altérer.

Arrivé à l’homme, il semble, il est vrai, qu’on entre dans un monde nouveau qui a ses lois propres et qui rompt la continuité des choses illusion qu’expliquent assez l’amour-propre, l’intérêt pratique et l’ignorance. Oublions qu’il s’agit de nous-mêmes, étudions-nous avec le désintéressement scientifique, en tenant compte de tous les rapports qui par notre organisme nous relient aux phénomènes de la nature, nous verrons que les faits internes continuent les faits externes, loin d’en briser l’enchaînement. « L’homme n’est pas un empire dans un empire », il est une partie dans un tout, l’immensité de l’univers le ramène à ses justes propositions quelle apparence d’une si minime exception à une loi aussi générale ! Rien qu’au témoignage de la conscience, l’empire de la nécessité envahit le petit monde des faits psychiques qui ne sont pas soustraits à toute loi le plaisir et la douleur s’imposent ; leurs conditions données, il faut les subir ; nous ne disposons pas de nos idées, elles s’évoquent, elles se suggèrent, selon les lois de l’association. Qu’estce donc si, au lieu de nous contenter de la méthode introspective, nous étudions les phénomènes psychiques dans leur relation avec les faits physiologiques qui en sont les antécédents constants, les conditions nécessaires ? Uniquement préoccupée de ce qu’aperçoit