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210 REVUE DE MÉTAPHYSIQUE ET DE MORALE.

Heureusement, la théorie qui semble être le fond du livre n’en est que Fécorce. Celui-ci vaut par un exposé parfaitement clair, des analyses précises et suggestives. On trouvera ici certainement comme un répertoire complet et méthodique de tous les documents nouveaux ou mieux analysés que la psychologie ou la physiologie moderne peuvent fournir en faveur de la thèse éternellement vraie que l’homme est en général mené par ses passions ou par son tempérament. Et M. Ribot ajoute lui-même à cet immense recueil admirablement mis au point des aperçus nouveaux. Nous citerons en particulier les études sur la mémoire affective, le type affectif ; il nous semble seulement que M. Ribot eût pu justifier l’existence de ce type à l’aide d’exemples littéraires. L’émotion chez le symboliste est une émotion générale, lien réel d’images diverses, et sans relation appa- | rente, rapprochées par une émotion commune Citons encore les études sur l’association des idées et des sentiments, le transfert des sentiments, et l’excellente analyse objective des diverses formes de l’instinct de conservation.

Mais ici même, dans les parties d’analyse, il y a lieu de regretter que l’esprit du système gâte parfois ou appauvrisse l’observation. La terminologie même de M. Ribot se ressent du parti pris physiologique. M- Ribot désigne par Je mot émotion le complexus formé de tendances et d’états affectifs plaisirs ou peines les tendances telles qu’elles s*e révèlent après l’expérience, et cela surtout parce que dans le mot émotion il y a le mot mouvement. Or si l’idée de mouvement est en effet contenue étymologiquement dans « émotion », il est certain que dans l’usage de la langue -l’idée de mouvement en est totalement absente, et que le mot émotion évoque bien plutôt l’idée d’un étal. Nous réserverions donc le mot émotion pour désigner les étals affectifs quand ils se présentent sous la forme en quelque sorte aiguë du plaisir et de la peine. Le mot passion nous paraît au’ contraire devoir désigner une partie des sentiments que M. Ribot qualifie d’émotions ; et nous les définirions, à peu près . Nous avons eu occasion dans des leçons faites il y quelques années d’étudier la psychologie du symboliste â propos d’un type psychologique, analogue ; à celui que décrit M. Riho.t, et que nous dénommions l’intérieur.