S £18 HEVUE DE MÉTAPHYSIQUE ET ])E MORALE..
dàiîs ses diverses manifestations : mais que signifie-t-il en lui-même ? Est-ce l’instinct de vivre, de vivre plus, de vivre mieux ? Tous ces termes sont-ils équivalents ? Il semble cependant que la théorie de .M. Ribot exige des explications sur ce point. Il paraît admettre et cela est dans le sens de sa théorie que l’instinct de conserver, ou tout au plus de développer la vie organique, est le seul fondamental. Car, pour expliquer le suicide dans cette hypothèse, il s’embarrasse dans des subtilités qu’un métaphysicien envierait. Le suicide est la négation de l’instinct de conservation. Mais l’acte est rationnel puisqu’il va dans le sens du moins mauvais ou de ce qui est jugé tel Mais aller dans Je sens du tnoim mauvais, est-ce la même chose qu’aller dans le sens de la vie, et de la vie organique ? En fait l’individu ne la conserve pas, puisqu’il se tue. Y a-t-il donc en l’homme une tendance à aller dans la direction, quelle qu’elle soit où. il a .commencé d’aller ? Et le besoin de jouir peut-il dès lors devenir assez fort pour supplanter le besoin de vivre ? M. Ribot admet un amourpropre, un besoin de promouvoir sa conscience personnelle, distinct de l’instinct de conservation cet amour de soi peut-il devenir absolument indépendant du besoin de se conserver ? Il y a des degrés dans l’instinct de conservation, nous dit encore M. Ribot Mais dans le cas de suicide, il semble que cet instinct soit complètement annihile. D’autre part, M. Ribot explique précisément l’altruisme par un besoin de bienveillance active, un besoin d’être plus. Y aurait-il donc en ̃ l’homme des besoins nécessaires et des besoins de luxe ? Sur toutes ces questions, pas de réponse, ou des réponses vagues ou en apparence au moins contradictoires. D’excellentes analyses de la peur, de la colère, etc., mais de théorie point. Et cela sans doute parce que la théorie aborderait ici nécessairement des problèmes que la physiologie ne connaît pas (à tort d’ailleurs peut-être). A vrai dire M. Ribot, lorsque les explications physiologiques lui ,manquent, se contente de faire, l’histoire des sentiments. Mais raconter ou décrire n’est pas expliquer, c’est retourner à l’enfance de la science c’est faire de l’histoire naturelle descriptive. Même il semble que parmi les manifestations de l’instinct de conservation M.’Ribot ait négligé d’en étudier séparément une qui est p ° pour ainsi dire précisément cet instinct même le désir. Sans doute la peur, la colère, sont les premières manifestations de l’instinct de -I. P. 242.
. P. 243. ,̃̃