x. couturat. –Sur Vhypothèse des atomes. a ̃ ’> que Kant avait prétendu condamner. Pour cela, il a tiré de la critique toutes les conséquences réalistes qu’elle comporte, et il a habilement’ profité des conc’essions et des aveux de Kant favorables au réalisme pour réhabiliter l’ontologie spiritualiste que le grand critique croyait avoir ruinée sans retour.
Notre auteur part de ce principe, que nous n’ayons pas d’idées innées ou d’intuitions intellectuelles (p. 254, 262, 400) en d’autres termes, la pensée ne crée pas de toutes pièces son objet elle n’est, -r qu’un pouvoir de synthèse, une faculté de lier le divers, en un mot de juger. Or «la puissance de penser n’est pas une pensée ’».’« Le = « je pense » touj. seul ne se pensepoint lui-même, à moins de penser nn monde dont il serait tout l’être ; » or la penséehumaine n’est pas créatrice. An je pense » il faut donc un donné qui le fasse sortir* de sa virtualité, qui le provoque a l’acte, et qui du même coup subisse son action. » Cette matière que la pensée ne peut se donner à elle-même, et sans laquelle elle ne peut s’exercer, « cette chose ` qui se prête à l’action de la pensée sans pourtant qu’elle soit déjà une pensée, qui est dans la conscience sans être connaissance »,̃ c’est la sensation (p. 254-2oo). Cette donnée étrangère. à l’esprit, qui s’impose à lui et dont il ne peut se passer, doit donc venir d’ailleurs et être reçue- du .dehors, c’est-à-dire d’autres êtres, et il faut admettre que ceux-ci agissent sur nous pour produire en nous ces impressions. « Ainsi par cela seul que le jugement existe, déjà nous rencontrons, parmi ses conditions, l’existence hors de nous de choses qui nous affectent (p. 258^259). »
L’auteur va plus loin : non seulement le jugement nous révèle la réalité des choses en soi, mais encore il nous permet d’entrevoir leur • nature.’ En effet, si les données sensibles sont nécessaires à l’exercice de la pensée et sont un élément indispensable de la connaissance, elles ne peuvent être absolument indéterminées, car alors l’entendement pourrait se passer de cette matière informe et nue, et construirait à lui seul l’univers avec ses catégories. Mais cela n’est pas possible le phénomène « est senti, il n’est jamais connu dans son intégrité : si bien qu’aucun effort n’aboutira jamais, à défaut de l’intuition sensible, comme chez l’aveugle et le sourd, à le livrer à l’entendement preuve que., quelque chose du phénomène échappe toujours à notre intelligence, et que, ne pouvant le construire, elle ne saurait non plus le deviner (p ; J5) ». En un mot, la sensation est iïrêductibie aux concepts., -̃- • ,̃̃̃>