L. cÔutdrat. – Sur l’hypothèse des atomes. 23b
faut donc remonter à l’hypothèse d’où l’auteur est parti, au postulat initial de son réalisme. Or il est tellement réaliste, que lorsqu’on cherche dans son œuvre une définition de la réalité, on en trouve deux. D’une part, le réel est le phénomène, la ^donnée. sensible, la matière de la perception 1, et c’est le sens qui prévaut dari| leepremier Livre ; d’autre part, le réel est la chose en soi, .et ce sens, qui domine dans le second Livre, est marqué par une majuscule le Réel est alors opposé au phénomène. Dans le premier sens,, il s’agit ,d’une réalité immanente à la conscience ; dans le second sens, d’une Réalité transcendante et absolue. Cela ne veut pas dire que ces deux conceptions de la réalité soient contradictoires ni même inconciliables, et il serait injuste de méconnaître leur filiation. Dans la connaissance, qui est le produit de la collaboration de l’esprit et des choses, M. Hannequin distingue la forme a priori, qui vient de l’esprit et qui seule est intelligible, attendu que « l’esprit ne connaît pleinement que ce qu’il crée (p. 4) », et la matière empirique, qui vient des choses et exprime leur action, sur notre sensibilité « ce que le phénomène contient de qualitatif», selon notre auteur, « c’est •. ce qui reste en lui du reflet du Réel (p. 412) ». Ainsi la donnée sensible est dans le phénomène à la fois ce qu’il y a de moins intelli- · gible et de plus réel. Lors donc qu’on parle de la « réalité sensible », c’est que « jamais la chose en soi et les réalités ne sont si près de nous que dans la sensation (p. 247) » ; et si l’on considère les phénomènes comme réels, c’est parce’qu’ils traduisent dans notre conscience l’impression que les choses font sur nous. En un mot, le réel (en nous) est l’image du Réel (en soi), et là réalité immanente & la conscience est. le symbole de la Réalité transcendante. Sans doute, répondrons-nous, s’il y a des choses en soi qui nous ’J affectent, nos sensations exprimeront l’action des .choses sur nous et auront une valeur objective ; mais comment savons-nous qu’il y a des choses en soi, si ce n’est par ces sensations elles-mêmes ? Nous ,ne connaissons directement que des phénomènes, et si nous en concluons l’existence du Réel, c’est parce que nous avons d’abord attribué au phénomène un caractère de réalité. Ainsi, à la vérité, une fois le réalisme établi, la réalité de la sensation dérive de la Réalité des choses en soi ; mais, quand on établit le réalisme, c’est j . P. 13 l’infinie variété. des phénomènes et du réel ». P. 294 les Si réels rapports des réels phénomènes ». – P. 412 « les réels -.phénomènes ». (bis) ; etc., etc.