H. dagan. Un aspect de la dépopulation.- 283
celui dans lequel les populations nécessiteuses dépassent en nombre l’ensemble de la classe moyenne et de la classe élevée, on est obligé ’d’admettre que ce n’est pas la diminution de la natalité au sein de ces classes qui influe sur le taux général, mais qu’au contraire c’est le même phénomène produit au sein de la fraction pauvre de la population. Cette conclusion contredit évidemment celle de M. Bertillon, qui, dressant le tableau de la natalité à Paris selon le degré d’aisance (Journal de- la Société de statistique de Paris, no de décembre 1895), arrive à ce résultat que la moyenne des naissances dans les quartiers pauvres (Buttes-Chaumont, Ménilmontant, Montmartre, etc.) est triple de celle des quartiers riches (tels que l’Opéra ou l’Elysée). Cela tient à ce que M. Bertillon parait négliger l’importance de la densité de la population susceptible de procréer ; il y a plus de huit cents domestiques à l’Elysée (d’après ses propres chiffres) sur quatorze à quinze cents personnes ; tandis qu’il y a huit à neuf cents ouvriers sur mille ou onze cents personnes aux Buttes-Chaumont ou à Ménilmontant. Il y a, en outre, à tenir compte des déplaments fréquents des hautes classes. Au surplus les chiffres cités par la Westminster Gazette sont concluants en ce qui concerne l’Angleterre ; où domine la population nécessiteuse (voir Y Angleterre vaga- • bonde, par le marquis Paulucci di Calboli, dans la Revue des Revues, ̃ 1 5 mai 1896). Ces chiffres accusent pour l’année 1876 une proportion de naissances égale à 36,3pour 1000 etune proportion de 30,8 pour 1000 en 1883, soit une diminution de 5,5 dans l’espace de sept années. Que conclure de là, sinon que la fameuse loi de population n’est pas une loi fixe, invariable, constante, puisqu’elle varie dans certains groupes sociaux avec leurs conditions d’existence. A = l’époque de l’apparition, dans un pays, de l’industrie manufacturière, l’emploi considérable des bras écarte les- risques de paupérisme intense dans les rangs des travailleurs chaque famille trouve un avantage appréciable à se développer, puisque chaque enfant devient rémunérateur, comme le fait remarquer M. Leroy-Beaulieu ; c’est ainsi que de 1840 à 1870 la natalité de l’Angleterre augmente de 32,6 pour 1000 à 36 pour 1000 c’est la période manufacturière. Mais le jour où l’homme introduit la machine dans le mécanisme de la production, une véritable révolution s’accomplit dans les rangs des travailleurs. L’industrie basée sur le machinisme se substituant peu à peu (ou violemment selon les cas) à l’industrie manufacturière, il en résulte, comme l’ont fait remarquer M. Funk-Brentano et