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Page:Revue de métaphysique et de morale, 1897.djvu/314

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310 REVUE DE MÉTAPHYSIQUE ET, pBE MORALE.

la nature du Dieu transcendant, ne pas saisir la contradiction qui résulterait de sa réalisation en une personnalité ? C’est avec raison que les grands métaphysiciens allemands ont insisté sur l’impossibilité d’un Dieu à la fois infini et personnel. Qu’on place la personnalité hors du monde ou dans le monde, on ne saurait, à moins de la réduire à un mot, la concevoir autrement que selon les conditions du monde, c’est-à-dire individuelle, concrète. La dialectique religieuse elle-même le réclame expressément. Or l’idée d’une personnalité concrète exclut celle d’une infinité réelle, c’est-à-dire d’une existence qui ne serait qu’infinie. Mais elle exclut également, celle d’une absoluité réelle, ̃ c’est-à-dire d’une existence qui ne serait qu’absolue. En effet, de même que l’infinité, l’absoluité ne représente qu’un élément de la personnalité concrète. Les limites venant de l’élément incoordonnable empêchent la personnalité de s’agrandir en une réalité infinie ; mais les possibilités illimitées venant de l’élément coordonnable l’empêchent aussi bien de se renfermer en une réalité absolue.- Point de réalisme, mais du symbolisme. Ainsi, non seulement nous éviterons les difficultés qui viennent d’être signalées, mais encore nous nous inspirerons de ce qu’il y a de plus caractéristique dans l’idée de personnalité. Une personne, n’est-elle pas toujours, et tout d’abord, un symbole ? Ne représenle-t-elle pas, d’après l’étymologie et les plus importantes traditions, quelque chose qui la dépasse elle-même, qui dépasse ordinairement le monde concret

? N’est-elle pas comme le porteur d’une valeur impersonnelle ? 

Qu’on se souvienne de la définition de la personne juridique l’individu en tant que jouant un rôle dans la société. Qu’on se souvienne de la définition kantienne de la personne morale l’individu en tant que porteur d’une volonté libre et raisonnable. Eh bien ! la personne religieuse, la personne divine, sera le porteur, le représentant, le symbole de l’absolu.

Seulement, ici encore, entendons-nous. 11 y a symbolisme et symbolisme. Et, par exemple, nous disons aussitôt qu’il faut renoncer à celui qui se fonde sur la distinction entre l’être et ses manifestations. D’abord, il nous ferait revenir à la réalisation déjà condamnée du Dieu transcendant ; car, pour se distinguer de ses manifestations dans le monde, l’absolu ne devrait-il pas être réalisé au delà du monde ? En outre, ce symbolisme serait en contradiction avec la thèse phénoméniste que l’être ne se distingue pas de sa manifestation, que le signe se confond avec la chose signifiée. Or, cette thèse 0